Si vous scrutez la scène techno parisienne, vous avez sans doute déjà aperçu son nom ; Abby Syna est une figure montante de cette scène underground provenant des labels Tracknart et Techno Import. Il a déjà partagé la scène avec des grands noms de la techno comme Roman Poncet ou Cassegrain, et pourtant il n’a que fraîchement 20 ans. Lui ne jurant que par les vinyles, nous avons décidé de le rencontrer dans son disquaire/label Techno import rue des Taillandiers à Paris, afin qu’il nous parle de lui, des vinyles et de la techno d’aujourd’hui.
Soirées Électroniques | Salut Abby Syna, merci de nous recevoir « chez toi »! Tout d’abord que représente Techno Import pour toi?
Techno Import représente le tout début de mon parcours dans la musique électronique, c’est un vrai symbole pour moi. J’y ai acheté mes premiers disques et c’est là-bas que j’ai rencontré la plupart des gens que je fréquente aujourd’hui. C’est un peu mon « QG » où je me pose plusieurs fois par semaine pour y voir des amis, les nouveautés puis bien sûr Mazen et Arnaud qui tiennent le magasin ! Nous sommes devenu une famille.
SE | Que penses-tu du grand retour des disquaires?
Je suis très heureux de voir ce nouvel engouement pour le vinyle et pour les disquaires en général ! Cela permet aux shop de brasser plus de disques et donc à nous, diggeurs, de découvrir plus de choses ! Pour un puriste du vinyle comme moi, je peux que me réjouir du retour en force des disquaires.

SE | Tu dig chez les disquaires, mais aussi sur Internet ? Penses tu que les deux sont complémentaires ou incompatibles ?
Je dig principalement chez les disquaires mais j’aime aussi jeter un oeil sur internet pour dénicher des nouveautés qui auraient été sold out ou non présente en magasin ! Je trouve ces deux moyens de digging totalement complémentaire, cela permet d’avoir une vision plus globale des sorties car un disquaire ne peut pas tout avoir en magasin, c’est aussi pratique quand on manque de temps ou quand on est à l’étranger … Mais le plus plaisant est bien-sûr d’aller fouiller dans les bacs des disquaires !
SE |Que penses-tu de la démocratisation de la techno, des concrètes bondées, et des tickets pour les weather qui s’arrachent?
Je pense que la démocratisation de la techno est une bonne chose, cela fait plaisir de voir de plus en plus de monde écouter de la musique underground que ce soit Techno, House ou Minimal. Mais pour ma part, cette démocratisation a mis un coup dans la qualité des sorties vinyle qui forcément, sont plus nombreuses. On peut observer de plus en plus de disques sans intérêt sortir à la chaîne ! Beaucoup de clients, en écoutant les disques, sortent des remarques comme : « c’est déjà vu , c’est sans intérêt, c’est sans âme, c’est bâclé… » ! Plusieurs labels sortent des disques pour sortir des disques, ce qui nuit forcément à la qualité des morceaux sélectionnés. Je trouve personnellement que le marché du vinyle en musique électronique est « saturé ». Mais ça marche donc je peux comprendre. Il y a aussi certains artistes qui se perdent petit à petit en signant des dizaines d’EP ou remix sans intérêt par an au lieu de faire deux ou trois sorties de qualités dans l’année . Il manque aujourd’hui à la techno ce côté un peu sombre, marginal et underground comme on pouvait la qualifier auparavant ! Par contre, je suis agréablement surpris de la qualité des line up sur Paris, où, chaque semaine sans exception, nous pouvons voir passer de gros artistes et assister à des prestations de qualités ! Donc d’un côté oui cette démocratisation est une bonne chose, mais de l’autre, sa surexposition pourrait faire perdre le charme qu’avait la musique underground il y a quelques années.
SE |Et le retour aux racines de Chicago et Détroit qu’on peut observer chez les gens aujourd’hui?
Cela fait pas mal d’années que de nouvelles choses sont arrivées dans la techno, musicalement et culturellement. Beaucoup d’artistes ont émergé et je pense que ce retour aux racines de la musique électronique est inévitable ! Ce côté old school et chaleureux manquait dans le paysage électronique. Remis au bout du jour et couplé avec les technologies de production d’aujourd’hui, ces sonorités de Détroit ou Chicago sont vraiment faites pour durer.
SE |On m’avait dit que tu allais te lancer dans la prod, ça avance?
Oui, je passe de plus en plus de temps à me consacrer à la production et j’y prends goût ! Mais comme je dis tout le temps je prendrai mon temps avant d’aboutir à quelque chose. Je ne veux surtout pas aller trop vite, la production demande énormément de temps et de concentration quand on commence, je vais aller à mon rythme !
SE |Quels sont tes clubs préférés, parisien ou autre?
J’ai passé mes meilleurs moments sur la barge de la concrète ( c’est aussi là-bas que j’ai commencé à sortir, je suis donc attaché à ce lieu ). J’y trouve l’atmosphère chaleureuse et le lieu très original. Mais du moment qu’il y a un bon soundsystem, je peux me plaire un peu partout ! Dans le reste du monde je ne suis pas trop sorti en club mais je retiens une nuit que j’ai passé au trésor à Berlin et qui m’as beaucoup plus ! Je n’ai pas encore essayé le fameux Berghain, peut-être deviendra-t-il mon club favori comme beaucoup de monde … !

SE |Comment prépares-tu tes sets?
Généralement j’essaye de m’inspirer du lieu dans lequel je vais jouer quand je le connais , je prend en compte l’atmosphère qu’il peut y avoir, le soundsystem … pour commencer à choisir les disques qui passeraient le mieux. Je fais donc une première sélection que je ‘filtre’ au fur et à mesure jusqu’à obtenir un set cohérent et qui respect le temps de set qui m’est attribué pendant la soirée.
SE | Merci beaucoup, mais juste avant de partir comme nous sommes chez un disquaire, est-ce que tu pourrais nous jouer quelques uns de tes sons de prédilection?
Beaucoup d’artistes me plaisent mais ceux qui me reviennent le plus souvent sont :
James Ruskin ou O/V/R ( Ruskin & Regis )
Karl O’Connor ( Regis )
Inigo Kennedy
SE | Merci, à bientôt !
Merci à Abby Syna et Mazen de Techno Import
Interview réalisée par Emile de Wilde