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David August, la lueur dans l’obscurité

Un coup de cœur comme on en a rarement eu. La première fois que la musique délicate de ce jeune prodige s’introduit dans notre tête, elle s’empare immédiatement de tout notre corps. Le cœur s’emplit d’un soulèvement mélancolique incontrôlable, le cerveau est apaisé, les jambes s’activent spontanément et l’estomac se noue. Écouter n’importe quelle frasque de David August, c’est comme tomber bêtement amoureux, tu trouves ça con, trop facile, trop simple mais tu veux que ça continue encore et encore.

C’est en tout cas l’effet qu’il nous a fait, avec la première bombe qu’on a entendu de sa part il y a un an. Plus précisément, on remarque son remix minimaliste mais pas pour autant pauvre du titre Set Me On de Qtier. Sur la voix suave de l’interprète original, le compositeur allemand tisse un morceau en coton qui extériorise beaucoup de mélancolie tout en restant dans une retenue touchante. Les arpèges électroniques se mêlent à une suite d’accords basiques mais terriblement efficaces. Une tendre house ne laissant pas indifférente, et surtout un goût prononcé pour le détail qui se retrouve dans les 3 autres tracks qu’il nous a proposé cette année.

Dans les pas de Nicolas Jaar

Car au delà des mélodies et autres expérimentations harmoniques, la vrai patte du bonhomme se trouve dans l’art de soigner avec rigueur chacun de ses morceaux, grâce à un grand éventail de textures sonores, une spacialisation parfaite du son ou encore un goût pour les structures rythmiques complexes.

Ce gout pour les rythmiques se retrouve particulièrement dans son remix de Origins de Max Cooper, où les caisses claires aux sonorités militaires se mêlent à un « solo » de batterie sur une base résolument électronique, le tout surplombé par le sifflement envoûtant d’un charleston feutré. La réussite de ce morceau se joue d’ailleurs sur l’association de ce rythme fort avec la volupté de la mélodie.

Autre touche personnelle que l’on retrouve entre autre dans sa composition Her Myth ou dans le remix de RA de the acid, l’application sur les nuances. Les différences d’intensité et d’attaque des synthétiseurs influent grandement sur les sensations que perçoivent ses auditeurs.

Son remix de the acid illustre au mieux le titre de cet article, sur une de ses instrumentations les plus sombres, les plus pesantes, composée de bourdonnements électriques et d’envolées phasantes, un homme répète avec une voix lumineuse « The light is coming ». Avec cette fois des sonorités plus techno, l’artiste confirme qu’il sait se renouveler dans son statut de talentueux « touche à tout ». Il est capable de faire danser des foules entières comme d’émouvoir une bande de potes autour d’un canapé. Souvent comparé au grand Nicolas Jaar, par leur passion commune pour les ambiances stratosphériques et pour les progressions lentes, David August est considéré comme une des plus grandes révélations allemandes de ces dernières années.

Un artiste injustement méconnu

Il impose avec force sa patte dans la musique électronique actuelle. Initié très tôt à la musique, il monte sur scène à 17 ans avec Carl Craig, sort un discret premier album en 2013, marque les esprits avec une Boiler Room de haute volée en 2014, s’entoure de voix à la James Blake pour ses tracks et se fait très discret en interview. Passé par la Nuba en juillet et au château de Vincennes il y a quelques jours pour la fiesta « Lost In a Moment », D. August bénéficie néanmoins d’une exposition bizarrement très limitée.

Pour nous, il est aux portes de la reconnaissance mondiale et l’artiste ne devrait pas tarder à exploser en France, pour le plaisir de nos oreilles.

Par Felix

Paris, France.

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