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Live report : Stephan Bodzin and friends à l’Under Club à Barcelone

Dans le cadre du festival Sonar à Barcelone se déroulent les soirées « OFF week » qui consistent le plus souvent à inviter les artistes dans les clubs de la capitale catalane. Aimablement conviés à un événement organisé par Locked, composé de Julien Blanch alias Julí et Gérard Bauza (deux dj parmi les plus en vogue à Barcelone et se produisant régulièrement dans le sud de la France). Nous nous sommes rendus à la soirée OFF Week de Stephan Bodzin, au sein de laquelle une grande partie de l’élite de la techno allemande était présente (Stephan Bodzin, Dominik Eulberg, Marc Romboy, Fur Coat, Super Flu). Ce fut ainsi pour nous l’occasion de retrouver Stephan Bodzin, de converser avec Marc Romboy et Dominik Eulberg, mais aussi de réaliser un entretien complet avec deux membres de WhiteLines Concept : Aqu’elito, qui avait brillamment assuré au mois de mai, la première partie du show de Stephan Bodzin au Bikini à Toulouse. Puis Alex CP, un dj talentueux de Barcelone.

L’Under Club, situé non loin de la place d’Espanya, est un club typique de la ville : volumineux, s’étendant sur un plain-pied, il est séparé de deux salles qui peuvent assurer deux ambiances. Comme la plupart des clubs de Barcelone, l’Under offre une qualité sonore égale, voire supérieure, aux salles de concert françaises permettant ainsi aux meilleurs producteurs de musiques électroniques de pleinement s’exprimer tout au long de l’année.

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Originellement, il était prévu que nous réalisions une interview avec Dominik Eulberg et Marc Romboy qui ont eu la gentillesse d’accepter malgré des conditions difficiles. Hélas, pour des raisons logistiques et techniques, les enregistrements se sont révélés inexploitables. Toutefois, ne pouvant nous résoudre à ne pas vous livrer quelques informations, nous vous présentons un condensé de leurs propos. Nous avons demandé à Dominik Eulberg et à Marc Romboy de réagir sur les propos plutôt sombres tenus par Laurent Garnier sur l’avenir de la techno.

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Pour Marc Romboy, la techno s’est toujours montrée capable de se réinventer et continue à évoluer, il ne ressent aucune perte d’intérêt pour le public ni aucun essoufflement sur un plan artistique. Sa réponse est sans doute due à ses goûts musicaux éclectiques, qu’il tente de reproduire dans ses productions. S’il confesse avoir toujours été un fan inconditionnel de Kraftwerk, Marc Romboy a toujours prêté une oreille attentive à d’autres courants musicaux, notamment au jazz :

« La curiosité musicale est la base de notre métier, tu dois être curieux, écouter tous les styles de musique. »

Marc Romboy

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En revanche, Dominik Eulberg partage le point de vue de Laurent Garnier et confirme un certain épuisement de la techno. Cela serait la conséquence du manque de volonté des producteurs à évoluer hors des sentiers battus. D’ailleurs, lorsque nous lui posons la question de ce qu’il conseille aux jeunes dj, il réponds sans hésitation qu’il faut toujours persister, ne jamais se décourager et surtout développer son propre style, puisque c’est la seule manière de ne pas être remplacé et donc de durer dans le métier. En outre, en évoquant son style, Dominik Eulberg semble refuser les catégorisations dans lesquelles nous voudrions faire entrer sa musique : néo-trance ou minimal ? « Non pas vraiment, en fait je fais du Dominik Eulberg » nous lança-t-il. Passionné par la nature, Dominik Eulberg avait commencé des études de biologie. À travers sa musique, l’allemand tente de concilier ses deux centres d’intérêts, voilà la source de sa techno dont les sonorités, le rythme et la texture évoquent souvent quelque chose d’organique. Enfin, Dominik Eulberg nous a annoncé une collaboration avec Christian Löffler sur son label Traum Schallplaten.

« La techno en Allemagne, c’est comme le reggae en Jamaïque. »

Marc Romboy

Au cours de cette soirée où se sont enchaînés les sets indescriptibles de Eulbgerg, Bodzin, Fur Coat, Romboy, Super Flu. Nous nous sommes demandés ce qui faisait la supériorité de la techno d’Outre Rhin, cette manière d’envoyer les kicks, de faire osciller une note, de balancer les drums, de saturer une basse, de jouer avec le public et de provoquer son extase. À cette question, Marc Romboy nous a apporté une réponse toute simple : « La techno en Allemagne, c’est comme le reggae en Jamaïque ». Il est environ 7h 15 du matin, Super Flu achève son set dantesque et conclut la soirée.

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Que retenir des soirées OFF et de Sonar ? Les soirées OFF sont toujours l’occasion de nous rappeler que la techno et la house, avant d’être des musiques de festivals et de raves, étaient à l’origine des musiques de clubs. Puisque certains dj et producteurs ressentent une forme de lassitude, le retour des musiques électroniques dans les boîtes de nuit contribuerait-il à apporter un souffle nouveau ? Cela ne se fera pas sans la confiance de ces établissements pour lesquels le public de ce type de musiques reste, hélas, associé à certaines formes de déviances et sans l’ambition de directeurs artistiques souhaitant promouvoir une musique de qualité. À ce titre, même si cela n’est pas toujours facile, Barcelone fait partie des rares villes européennes, qui peut servir de modèle.

Créée en 1994 afin de donner une alternative aux raves qui étaient devenues des événements commerciaux sans âmes, Sonar avait fait le pari d’intégrer les musiques électroniques à l’Art Contemporain. Seule une ville comme Barcelone, animée par le génie catalan, pouvait accueillir un concept aussi fou et novateur. N’en déplaisent aux esprits chagrins, plus de vingt ans après sa création, Sonar demeure incontestablement l’un des principaux rendez-vous annuels des amoureux des musiques électroniques, si ce n’est le principal.

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