Catégories
Magazine

Live report : Dour mon éternel amour

Encore une fois, le festival de Dour a dépassé ses limites pour nous offrir une nouvelle édition plus folle que la précédente. Cinq jours de fête survoltée, ponctués de lives d’anthologie, de danse, d’éclats de rire, de siestes au soleil, de cuites mémorables et de rencontres fondatrices. Le souvenir de ces moments, de cette bouffée d’air frais, nous fait penser à quel point ce festival, tant connu pour sa programmation éclectique que pour son ambiance, nous a fait rêver. Malgré la confusion et l’émotion, nous vous proposons de retracer les faits marquants du festival afin de retenir ce qu’il y avait d’essentiel pour cette cuvée 2016.

Balzaal, ce chef d’œuvre musical

Notre premier coup de cœur a commencé en apercevant la nouvelle scène Balzaal, mise en place par Red Bull. Remaniée par rapport à l’année précédente, cette gigantesque scène en plein air nous a donné des frissons de par sa sono, sa structure ou ses animations vidéo. Au premier regard on croit voir des grues de chantier auxquelles sont fixés des écrans, qui font le tour de l’immense espace où 10 000 festivaliers peuvent se déchainer sur de la techno aussi bien que de la drum&bass. Au-delà des artistes, la première valeur sûre de Dour est sa scène extérieure.
C’est donc sur la Balzaal que nous avons assisté à nos meilleurs concerts, comme celui de Boris Brejcha par exemple. L’allemand nous a émerveillés en proposant une techno mélodique, aux sonorités qui peuvent prendre des tournures de trance voire d’acid. Ainsi, d’une valeur sûre à une autre, nous étions totalement pris d’euphorie le lendemain après le passage de l’anglais Spor, qui s’est hissé en haut d’un plateau drum&bass très relevé. Pour le dernier soir, le patron Len Faki régalait une foule survoltée pendant 2h de set parfaitement maîtrisés. Bénéficiant d’une scène encore plus dingue que les années précédentes, Dour avait tout pour que sa nouvelle édition soit une réussite.

Coucher de soleil sur la Balzaal.
Coucher de soleil sur la Balzaal. © Shoelayce

 La résidence géniale des Salut c’est cool

On se demandait ce qu’allait bien nous réserver Salut C’est Cool pour cette nouvelle édition de Dour. Rappelons que cette année, en plus de jouer sur la Main Stage pour la soirée d’ouverture, le groupe avait carte blanche tous les autres jours pendant 3h sur la petite scène du Cubanisto Dancing. Ainsi, nous avons pu assister au grand désordre organisé, le tout dans une optique artistique.
Avec Flavien Berger et Jacques en guest, la troupe proposait de la musique mais pas que. En effet, dès notre arrivée on voit que certains s’éclatent sur le projecteur mis à leur disposition en faisant des formes sur Paint, tandis que d’autres soufflent dans des tubes de couleurs. On a également participé à une conférence absurde de Flavien Berger sur l’infini, le tout accompagné d’un dj set très entrainant des Salut C’est Cool : un joli bazar en somme, qui a eu le don de réjouir tous les curieux amassés sous ce chapiteau au fil des journées. Une réussite donc pour ce groupe indissociable de l’image de Dour. On a aimé et on en redemande pour l’année prochaine.

Exploration du présent.
Exploration du présent. © Laurence Guenoun

 Main Stage et soirées à thèmes en demi-teinte

Tout avait pourtant si bien commencé sur la Last Arena avec Salut C’est Cool le premier soir. En effet nous avons pu constater les efforts effectués au niveau de la sono notamment, de meilleure qualité que l’édition précédente. Par la suite, les live de nombreux artistes ont été loin d’être exceptionnels. On pense a Netsky qui s’est résolument tourné vers une drum&bass mainstream et moins excitante qu’il y a quelques années. De plus, les concerts de rap de A$AP Ferg ou Mobb Deep nous ont laissés sur notre faim : l’immense Last Arena n’étant peut-être pas adaptée à leur mise en scène. On pense aussi au live de The Prodigy qui nous a déçus de par la prestance du groupe sur scène, ou par la sono réglée de manière surprenante cette fois-ci.

Foule compacte près de la Last Arena.
Foule compacte près de la Last Arena. © Simon Grossi

Cette année Dour proposait également des soirées à thèmes en explorant des styles allant de la Bass Music à la trance en passant par la dub. L’idée était d’injecter et de concentrer des touches de nouveautés dans une programmation éclectique, tout en répondant aux attentes du public. Relativement bien réussies, ces soirées ont eu l’avantage d’initier des curieux à de nouveaux styles. Cependant nous avons remarqué quelques anomalies que ce soit dans le choix ou l’ordre de passage des artistes, notamment le vendredi soir où la soirée bass music, avec Borgore comme tête d’affiche, s’est tristement achevée par de la trap.
Heureusement le dernier soir, tout le crew Heretik passait pour livrer une fin de festival d’anthologie. Les respectés Popof, Manu le Malin ou encore Noisebuilder avaient carte blanche à la Cannibal Stage et en ont profité pour nous régaler avec une techno grasse et dansante, pour petit à petit tendre vers la hardcore et user nos dernières forces dans la bataille.

Popof
Récital de Popof à la Cannibal Stage.

 David August, Jacques et les révélations

Chaque année réserve son lot de surprises et cette nouvelle édition n’a pas attendu longtemps avant de révéler les talents grandissants. Dans la catégorie des très grands, David August, lui s’est affirmé et a montré le tournant qu’il décidait prendre au sein de la musique électronique. L’artiste allemand, qui nous récemment enchanté avec sa dernière Boiler Room, aborde ses live avec un aspect musical tourné vers une symphonie aux allures sombres, où ses tracks comme Ouvert sont transfigurés. Une très belle prestation qui nous donne envie de suivre d’encore plus près la carrière du jeune prodige.
L’autre découverte en live est celle de Jacques, qu’on connaît pour sa techno transversale mêlée aux bruits du quotidien. Sa performance, qui s’apparente à une expérimentation, nous a cloués au Labo lors de la première après-midi. En effet, Jacques ajoute des sonorités fraîches en empruntant des objets inédits qu’il utilise en live, comme un mini-avion à hélice, qu’il marie avec un kick gras pour un rendu brut mais agréable. Il profite même de la communion avec le public pour s’offrir un solo de guitare en fin de live.
D’un tout autre genre, le flow d’un mc hyper talentueux relié aux beats détonants d’un des membres de C2C, le groupe Alltta (alliance entre 20syl, Beatmaker Français membre des C2C, et Mr. J. Medeiros, rappeur américain) nous a époustouflés :

Avec pas moins de 235.000 festivaliers qui se sont rassemblés sur la Plaine de la Machine à Feu pendant 5 jours pour vibrer au rythme de 280 artistes, le festival a encore battu son record d’affluence et continue de grimper en tête des festivals européens les plus populaires. Malgré la morosité ambiante, Dour offre une bouffée d’air frais à chaque bande de potes voulant s’évader de leur quotidien, vivre des expériences nouvelles et rencontrer des gens de tous horizons différents. Si cette dernière édition fut notamment marquée par des contrôles à l’entrée renforcés, le festival n’a pas perdu son de son esprit. « Dour c’est l’amour » et Dour restera mon éternel amour.

Par Jean-Baptiste

Paris, France.

Laisser un commentaire