5 ans après son troisième album Steam Days, le producteur britannique Nathan Fake de 33 ans signe son retour avec un quatrième opus, Providence, à la fois planant et agressif.
Drowing In A Sea Of Love, le premier album de Nathan Fake, avait marqué les esprits en 2006 en apportant à la techno une touche planante bienvenue. Plus de 10 ans, 2 albums et une tournée à travers le monde plus tard, l’album Providence marque l’arrivée du producteur britannique sur le label Ninja Tune, qui abrite déjà des pointures comme Bonobo. Il se présente comme un nouveau départ dans la carrière du Britannique après presque trois ans durant lesquels il n’a réussi à composer aucun morceau, paralysé par l’angoisse de la page blanche et des évènements personnels qui ont perturbé son processus créatif.
Encadré par une introduction et une conclusion (Feelings 1 et Feelings 2) aériennes aux sonorités 80s, l’album alterne des moments puissants (les titres HoursDaysMonthsSeasons ou CONNECTIVITY) et des morceaux beaucoup plus calmes (Unen, Remain). Ainsi, des synthétiseurs au son éthéré se mélangent à des percussions agressives aux sonorités parfois industrielles pour faire de Providence un album assez riche et surprenant.
Une évolution artistique dans la carrière du producteur
Le Britannique collabore pour la première fois avec des chanteurs : tout d’abord Prurient, dont la voix distordue recouvre le morceau Degreelessness. « J’aime le fait qu’on ne puisse aucunement distinguer ce qu’il dit » commente Nathan Fake à propos du morceau, l’un des tours de force de l’album, long de 8 minutes. La voix est aussi présente sur RVK, résultat d’une collaboration inventive avec Raphaelle dans laquelle le chant arrive après une première partie de plus de deux minutes entièrement instrumentale.

« C’est l’album que j’ai écrit le plus rapidement, ce qui donne une sorte de fil rouge tout du long » annonce Fake. On a en effet l’impression de voyager au gré des textures du Korg Prophecy, synthé des 90s utilisé massivement sur l’album. « Je me sentais nostalgique, j’ai acheté un Korg Prophecy bon marché sur un coup de tête, il fut la colonie vertébrale de l’album. […] C’est vraiment dur à programmer, ça laisse à désirer, ça sonne mal, mais je l’ai enregistré à travers un tas de différents pré-amps, bandes et mixers que j’ai malmenés. J’ai toujours été intrigué par le matériel bas de gamme, j’aime le challenge et les limites que cela impose. »
Un album au carrefour des genres
En écoutant Providence, on pense aux influences assumées du producteur comme Aphex Twin, mais aussi à des artistes comme Worakls dans la manière de mélanger mélodie et rythmes imposants pour donner au tout un côté épique et puissant. Par moments, l’ampleur des morceaux nous donne l’impression qu’ils sont faits pour illustrer un film. C’est ce genre de musique qui stimule notre imagination avec de grandes plages instrumentales, puis nous ramène à la réalité avec des percussions brutales taillées pour les clubs. Il faut saluer le mélange des genres (de l’ambient à la techno, le tout retravaillé à la sauce du producteur) et les différentes sensations que cela procure.
Nathan Fake présentera son album en live au cours de l’année, notamment à Lyon aux Nuits Sonores en mai, mais également en Europe, en Australie et au Japon. Le live s’annonce déroutant, avec des visuels signés Matt Bateman, connu pour avoir précédemment travaillé avec LFO et Jon Hopkins. La release party de Providence aura lieu le 7 avril à l’ICA et, l’album est quant à lui disponible depuis le 10 mars.