Une fois n’est pas coutume, Solidays a accueilli pendant 3 jours sur l’hippodrome de Longchamp un public jeune, festif et excité par l’idée de fin des cours. Pour sa 19ème édition, le festival organisé par l’association Solidarité Sida mettait l’accent sur le besoin de maintenir les investissements nécessaires à la lutte contre le sida. Et avec une riche programmation qui couvre des artistes mainstreams jusqu’à une techno pointue, Solidays voulait satisfaire toutes les oreilles à travers ses 80 concerts proposés.
Vendredi soir, on a assisté à un concert sublime de Wax Tailor et son trip-hop aux influences old school américianes. Le beatmaker était sur scène avec des rappeurs dont Mr Mattic, qui ont véritablement lancé le festival en y mettant un rythme incroyable. Accompagné aussi de la chanteuse Charlotte Savary et d’un band de guitariste, trompettiste et flûtiste, le concert parfaitement huilé nous a donné une impression d’évasion pendant l’espace d’une heure.


On a ensuite filé pour voir le rappeur Mac Miller dans un dôme chauffé à bloc. L’Américain nous a régalés avec une prestation survoltée sur un fond d’instru aux lourdes basses. Sans reprendre ses tubes qui ont fait sa célébrité, Mac Miller a étalé sa technique durant une heure, tout en animant une foule qui n’en demandait pas tant. Cependant la grosse tête d’affiche de la soirée était les Anglais de The Prodigy. Le groupe d’électro-rock, très attendu livrait un concert sur la plus grande scène du festival, et ont déchaîné les foules. En reprenant cette fois-ci leurs classiques, ils ont sur fédérer un public acquis à leur cause. On a fini en beauté avec la techno sombre de Tale Of Us. En effet, le duo d’Italiens nous a impressionnés par leur maîtrise technique et leur jeu de lumière hypnotisant.
Un samedi électrique
Le deuxième jour de festival est lancé tardivement mais de bien belle manière. C’est au tour d’Ibrahim Maalouf de poser ses bagages comme il l’a souvent fait sur la scène principale du festival, entraînant dans ses frasques une foule importante à qui il parle entre ses morceaux comme à ses potes, créant une relation intime et touchante avec ses spectateurs. Pas le temps de s’attendrir, immédiatement nous courrons trouver une bonne place pour le concert du groupe Isaac Delusion, révélation française de ces dernières années qui enchainent leurs titres devant une assemblée attentive et charmée. Ce début de soirée est chargé et il y a beaucoup de choses à voir, on passe devant le chapiteau où Killason donne tout dans une ambiance survoltée, mais le déjà culte groupe Archive, étendard mondial du trip-hop, se prépare à faire trembler les basses de la scène Paris. Dans une mise en scène sobre et solennelle, le groupe ne déçoit pas alors que le soleil se couche sur l’hippodrome de Longchamp.
La nuit tombée, les Italiens du mythique groupe The Bloody Beetroots se sont éclatés avec la foule à travers leur style électro-rock, reprenant leurs vieux succès comme Warp qui nous rappellent nos 16 ans, ou bien des tracks du grand Elvis Presley. Vient le tour des Dirtyphonics d’envoyer une déferlante de basses au Dôme. Le trio français qui figurait comme l’un des seuls artistes de bass music régale la foule en alternant entre dubstep et drum&bass. Rejoint sur scène par les Foreign Beggars, le set a pris une dimension magique malgré la poussière dégagée par le piétinement du sol. Enfin, l’excellent Boris Brejcha concluait la soirée par un set de techno-minimale, beaucoup plus calme qu’à ses habitudes. Sa musique mélodique qui oscillant entre techno, trance et acide reste cependant un plaisir pour les oreilles pour terminer une journée riche en émotions et en genres musicaux.

Un dimanche en apothéose
Le soleil nous accueille en ce milieu d’après-midi et décidons d’aller voir le fulgurant Vald, dissident du rap français. Avec ses clips décalés il a su s’attirer l’attache d’un public jeune et connecté. En commençant par « Bonjour » et en finissant par « Eurotrap », le jeune d’Aulnay-Sous-Bois assure un concert cohérent: mais en plein milieu arrive en renfort ses potes Sofiane et Kalash Criminel pour mettre un joli bordel. On sort satisfait du concert où l’ambiance était bien présente.

Sans perdre de temps on file voir les Stéphanois du groupe Dub Inc: la voix de Bouchkour et le flow de Komlan nous emportent lors d’un live où le groupe a mobilisé un public en ébullition. Puis pour offrir un closing à l’image du festival: cosmopolite, entrainant, coloré et parfois émouvant, le grand Matthieu Chedid était sur la grande scène accompagné de ses nombreux instrumentistes. Il délivra un show d’une beauté brut tiré de son dernier projet Lanomali et de ses premiers tubes qui firent sa gloire.

C’est ainsi que se sont achevés 3 jours de fête intense et riche en émotions sur l’immense espace de l’hippodrome de Longchamp. Si 2017 est l’année du 0,7 pour les organisateurs (soit la participation de la France à 0,7% de son PIB aux recherches de lutte contre le sida), l’année 2018 doit rester un motif d’espoir et de solidarité pour les jeunes, et Solidays œuvre pour y arriver. Rendez-vous donc en juin 2018: on a déjà hâte!