A la base duo composé de Olivier Raymond et de Stephane Deschezeaux, Oxia naît dans le milieu de la musique électronique en 1994. C’est au début des années 2000 que Olivier Raymond prend un tournant dans sa carrière et devient à lui seul Oxia, désormais un des plus grands dj français.
Présent à tous les plus grands événements électroniques, le dj et producteur grenoblois a réussi à obtenir une place qui n’est maintenant plus à défendre. Depuis le début d’année et la sortie de “Domino Remixes” sur le label Sapiens de son ami Agoria, Oxia enchaîne les apparitions dans toute la France et en dehors des frontières. Début décembre, il a pu proposer son set au Luxembourg où il a pris le temps de se livrer à LOFI sur ses débuts et ses projets futurs.
LOFI | On va retourner d’abord à tes débuts, à ton premier choc musical. Qu’est-ce qui t’a poussé au départ à faire de la musique et notamment de la musique techno ?
Alors ça, ça remonte à très loin. Depuis tout petit je m’intéresse à la musique. L’élément déclencheur a été le concert de Cerrone que j’ai vu avec mes parents quand j’avais 7-8 ans. Cerrone était un artiste disco de la fin des années 70. C’est à ce moment là que j’ai dit à mes parents “je veux faire ça” et ça a un peu commencé comme ça. Et après, ça a évolué, j’ai gagné à un jeu concours dans une petite radio de ma ville d’origine à l’age de 12-13 ans, à Grenoble, et j’ai donc été invité à la radio. Ça a été une autre révélation et j’ai commencé à faire de la radio 2-3 ans après. C’était à peu près au même moment où la House a émergé, vers 85-86. A la base, on (Olivier Raymond et Stephane Deschezeaux) faisait une émission de funk à la radio. Sur cette même période, il y a la donc la house principalement venu de Chicago et New York qui est arrivée. Puis ça a évolué vers la techno au début des années 90. Ça a été une évolution assez naturelle finalement pour nous et c’est à peu près à ce moment là qu’on a commencé à faire de la musique, au début des années 90. En 1994, on a décidé de monter le projet “Oxia”. A la base, on faisait un live tous les deux et en 1995 on a sorti notre premier disque sur le label Ozone Records que nous avions créé avec Kiko.
LOFI | As-tu des artistes qui t’ont vraiment marqué à tes débuts ?
Depuis tout jeune, j’ai des artistes qui m’ont marqué comme Michael Jackson , Prince , des classiques et aussi des choses différentes comme David Bowie, Depeche Mode… Dans la musique électronique, dans la techno, il y a les premiers artistes de Detroit comme Jeff Mills, Kevin Saunderson… qui m’ont marqué. Puis ils y a eu Laurent Garnier qui nous a beaucoup influencé car il était notamment d’une génération au-dessus de nous.
LOFI | De Ozone Records créé en 1995 à ton nouveau label Diversions Music, comment s’est développée l’idée de créer un nouveau label ?
J’ai eu deux labels. Le premier Ozone Records avec Kiko et ensuite Goodlife créé en 1998 avec The Hacker qui a duré plus longtemps que Ozone Records, cela a duré une dizaine d’années. On a arrêté GoodLife parce qu’avec The Hacker, on partait trop dans des styles différents, on était plus vraiment d’accord sur ce qu’on voulait sortir. Pendant quelques années, je n’ai pas pensé refaire un autre label parce que je n’avais plus trop le temps. Et puis les années ont passé, et j’ai commencé à travaillé avec Nicolas Masseyeff , celui avec qui j’ai monté Diversions Music en juillet 2016.
Au départ, on faisait des morceaux ensemble et on les envoyait à des labels, mais ceux-ci mettaient trop de temps à répondre. Et ceux qui répondaient positivement ne pouvaient sortir nos morceaux que 6-7 mois plus tard. Avec Nicolas, on a donc décidé de créer notre propre label pour pouvoir sortir les morceaux quand on en avait envie et tout gérer. La création du label s’est alors fait un peu tout seul. Ce n’était pas prévu de longue date, on a décidé presque en quelques semaines de le faire ensemble.
LOFI | Comment ta façon de faire de la musique a-t-elle évolué sur cette période là ?
Tout d’abord, il y a forcément eu une évolution technique. A l’époque, il n’y avait pas les technologies d’aujourd’hui. On a commencé uniquement avec l’analogique et avec des séquenceurs de l’époque. Avec l’Atari, on ne pouvait pas faire tout ce qu’on peut faire actuellement. La façon de faire de la musique en général a forcément changé avec la
technologie. Ça a été une grande évolution. Néanmoins, quand je fais un track, j’ai le même fonctionnement qu’à l’époque au final.
LOFI | Tu as récemment sorti un rework de votre track “Domino” sur le label Sapiens d’Agoria avec notamment des remix faits par d’autres artistes. D’où t’est venu l’idée de ce projet ?
Pendant des années, je n’ai pas voulu qu’il y ait de remix de ce track même si j’ai eu des propositions. On en a parlé avec Kompakt, le label sur lequel “Domino” est sorti à la base mais je n’étais pas trop pour. Fin 2016, Agoria créait son nouveau label et il m’a convaincu de monter ce projet pour les 10 ans du track avec des remixes. J’ai donc du aller rechercher tous les sons et ça n’a pas été facile vu que c’était entièrement de l’analogique. On a alors lancé le projet.
LOFI | Comment s’est fait la sélection des artistes remixeurs ?
On a fait une liste avec Agoria et les gens du label. Chacun a fait une liste qu’on a ensuite mis en commun. On a commencé à faire les demandes et il y en a pas mal qui ont refusé parce qu’ils ne voulaient pas toucher à ce qui était pour eux « un classique ». A la base, Matador n’était pas vraiment dans la liste. C’est mon manager qui lui en a parlé et Matador a été très intéressé. C’est cool car c’est finalement le remix qui a le mieux marché. Ceux de Frankey & Sandrino et de Robag Whrume, ont très bien fonctionné aussi. Je suis vraiment content de tout ces remixes.
LOFI | Tu as dernièrement remixé le track “Why does my heart feel so bad ?” de Moby sur le label Suara ou encore “Exposure” de Stefano Noferini sur le label italien Moan. Qu’est-ce que tu aimes particulièrement dans le jeu des remix ?
Quand j’écoute un track, je me dit souvent “moi, j’aurais fait ceci, j’aurais fait cela”. Le remix donne le pouvoir de retravailler le morceau, de le réinterpréter, de faire ce que tu aurais senti si tu avais fait ce track. Ça permet de le faire et c’est ça qui est intéressant. C’est de partir d’une base avec des sons et de retravailler, de faire une relecture du remix. m’a toujours intéressé de faire des remix même si je préfère toujours faire des tracks originaux. C’était notamment intéressant de remixer Moby car c’est un classique.
LOFI | Au fil des années, tu as pu voir la scène électronique évoluer, peux-tu nous dire ce que tu en penses et si c’était mieux avant ? Penses-tu qu’il était plus facile de faire de la techno hier qu’aujourd’hui ?
Je ne suis pas de ceux qui disent que c’était mieux avant, c’était juste différent. Forcément, ce qu’on a vécu dans les années 90 était exceptionnel et on ne pourra pas le revivre, c’était le tout début du mouvement. Je ne pense pas qu’il y aura un nouveau courant musical aussi fort à l’avenir. Mais je prends toujours autant de plaisir à jouer partout et c’est juste différent. Il y a pas mal de jeunes qui s’intéressent à ce qui s’est passé dans les années précédentes et c’est cool. Techniquement, c’était plus difficile dans le passé car il fallait acheter du matériel, ça coûtait un certain prix, et il fallait maîtriser tout ça. Maintenant, c’est quand même un peu plus simple avec juste un ordi et Ableton entre autres. Il y a aussi beaucoup plus de producteurs qu’à l’époque. J’ai évolué la-dedans donc c’est difficile pour moi de dire vraiment si c’était plus ou moins facile à l’époque.
LOFI | As-tu déjà des projets à venir pour les années suivantes ? Un nouvel album peut-être ? De nouvelles collaborations ?
Je dois travailler sur un album. J’ai déjà quelques tracks mais il est difficile de savoir encore quand est-ce qu’il pourra sortir. Je pense que d’ici un an, je pourrais le finir et enfin le sortir. J’ai un remix de Miguel Lobo, un artiste espagnol, qui va sortir sur le prochain EP sur Diversions Music en février et je travaille sur un EP qui sortira sur Diversions dans l’année 2018. Je prépare aussi un autre EP mais je ne sais pas encore sur quel label il sortira.
LOFI | Comptes-tu encore rester sur le genre techno ou as-tu des envies de nouveaux horizons ?
Au même titre que mon dernier album sorti en 2012, j’avais commencé à faire d’autres choses. Dans la musique électronique, j’aime plein de choses et pas forcément les sons dancefloor. Dans l’album Tides of Mind, sorti en 2012 sur InFiné, il y avait déjà des morceaux très lents, pas du tout dancefloor avec en l’occurrence le morceau “Traveling fast” avec la chanteuse Mesparrow qui est vraiment chill. Ce sont des choses qui m’intéressent. Je comptes faire des choses calmes et un peu différentes tout en continuant de faire des choses techno, “dancefloor”. Je fais également une série de podcasts qui s’appelle « Home Selection » qu’on peut écouter sur mon Mixcloud ou Soundcloud avec seulement des choses très calmes, la musique que j’écoute chez moi pour me détendre.
LOFI | Qu’est-ce que ça te fait de venir proposer ton set au Luxembourg où la culture techno, la culture club se développe relativement lentement ?
C’est un tout petit pays, grand comme une grande ville française. Le potentiel n’est donc pas énorme concernant les gens qui écoutent de la musique électronique. Apparement ce n’est pas hyper développé mais il y a quand même de bonnes soirées et des gens qui font des choses intéressantes.
LOFI | Quel est le lieu où tu as préféré jouer ?
C’est une question difficile. J’aime énormément d’endroits. Il y a des pays comme l’Argentine où je joue depuis 2001, presque une fois par an, et j’adore jouer là-bas. J’aime pas mal d’autres pays en Amérique du Sud d’ailleurs aussi. Et j’aime jouer dans la plupart des pays en Europe. J’ai fait l’Australie récemment et c’était aussi très cool.