Le week-end consacré au festival Panoramas à Morlaix, du 21 au 22 avril 2018 s’est déroulé en un éclair, comme à son habitude. Profitons-en pour en faire un flashback sur ces deux jours bien remplis en musique électronique.
Notre chemin débute par le point navettes : en plein centre-ville de Morlaix la musique règne sur la place Cornic. Les bars sont remplis, folle ambiance dans la commune, avec des danseurs enflammés qui dansent sous un soleil d’aplomb. Le public chante et la sécurité a un peu de mal à contenir la trop grande joie et l’énervement palpitant des festivaliers pressés d’arriver au site. Comme l’an dernier, Panoramas profite d’un climat très bénéfique, on oublie presque la douceur habituelle de la Bretagne. Une signalétique claire et précise manque un peu pour s’y retrouver. Toutefois cela nous force aussi à discuter avec les bénévoles, un peu éberlués de l’importante excitation qui plane au festival pour nous repérer.

Quel arc-en-ciel de couleurs au camping ! Les gens se mélangent, se rencontrent entre voisins et on y apprécie réellement le dynamisme du public. La plupart vient du coin, Rennes, Brest, Nantes, mais aussi Paris, et même Bordeaux, de Normandie. Panoramas présente une nouvelle fois des festivaliers assez jeunes, débordant d’énergies, mais aussi des trentenaires voire quarantenaires qui sont bien contents de voir des têtes d’affiches en électronique passer dans leur petit coin qu’est Morlaix. On ne se prend pas la tête ici, chacun vient comme il est, très décontracté, les paillettes ne sont pas du tout une priorité.
Entre le camping et le camping/parking, on se rend compte que le festival a bien agrandi l’espace pour que le plus de participants puisse y trouver sa place sans encombres. Pour ajouter du piment cette année, le collectif local La Menuiserie particulièrement reconnu pour muscler le territoire morlaisien en musique électronique a eu l’opportunité d’installer son propre truck et d’y poser son son pour l’échauffement du public. Lil Baas de Submarine a également partagé sa bonne humeur.
Difficile de tomber sur un festivalier qui se rendait à Panoramas pour la première fois. La majorité sont des habitués, très heureux de venir faire la fête, sans se prendre la tête avec ses amis. Le festival a cette qualité d’offrir de nombreux espaces en plein air que ce soit au site ou au camping pour respirer et se poser. Bien que le réseau manque terriblement (et encore) à Panoramas pour se retrouver, cette année on a pu voir un plus grand nombre d’illuminations entre les scènes qui ont permis de moins nous perdre et d’ajouter une touche esthétique et moderne aux lieux.

Concernant la modernité, Panoramas a su offrir un mapping et une scénographie imposante, que ce soit dans le grand hall ou sous le chapiteau. Au fil des années, le festival a continué d’évoluer dans le thème de l’abstrait, assimilés à l’acid et à la trance. Cette année Panoramas a fait appel à Physis, installation scénographique crée par le collectif Scale. Physis évoque la nature, on assimile naturellement sa forme aux sommets montagneux, à la roche, aux minéraux. Le mapping diffusé sur les plaques nous laissaient rêveur, par ses symboles et formes diffusées, du domaine du naturel. Cette installation a tout à fait sa place à un live de molécule néanmoins un peu moins sur des sets à BPM plus élevés.

En partant à la rencontre de Romulus, nous avons été étonnés d’y voir si peu de monde. La majorité des festivaliers était rassemblés du côté d’Anetha. Cela nous a permis de bien nous rapprocher de la scène et de profiter de la prestation du DJ. Dernièrement nous l’avions aperçu en club à Nantes, Rennes. Agréablement surpris par l’enchaînement de ses tracks, et accompagné d’un digne mapping moins abstrait et plus précis sur des symboles forts rattachés au style de l’artiste, nous nous sommes bien entendus avec Romulus. Il est certain qu’il n’y a qu’en festival, dans de grands complexes avec des moyens conséquents que son talent peut être réellement apprécié. Emportés dans des chemins tortueux, sombres mais mystiquement enchanteurs, Romulus nous a impressionné pour la diversité des instruments qu’il nous a partagé. Entraînés dans un univers désertique mais déchaîné, ce fut un très bon début des hostilités pour ce samedi à Panoramas.
En quête d’aventure, nous nous sommes décidés à trouver cette fameuse scène cachée. A peine arrivés, nous sentions une présence autre, différente. La scène était arborée de fleurs. Au milieu d’elles se trouvait Irène et nous partions à sa découverte. Bien qu’elle compose seule, elle est accompagnée de ses deux acolytes (Ola Klebanska à la flûte à bec et Sizo Del Givry aux percussions). Les trois musiciens nous ont attiré, envoûté, tout autant par leurs prestances, leurs gestuelles, leurs habits que par leurs musiques. Nous sentions Ola enivrée par les beats electro-techno de Irène, qui dansait et occupait pleinement la scène. Sizo Del Givry était tout-autant captivé par la musique mais l’exprimait un peu moins.
Côté Anetha, on est quand même allé faire un salut à la demoiselle qui sur la fin de son set virait à des ondes hardcore et trance assez toniques. Ce qui a laissé un peu sur sa faim son public, bien sonné par sa conclusion.

A la suite d’Anetha, nous sommes partis fébrilement en quête de tapages ! Si Panoramas a toujours partagé de grands classiques techno et house, il nous intéressait d’assister à de potentiels sets enragés. Le chapiteau nous attire et nous emmène vers I Hate Models, qui démarre d’un coup de fouet. On s’est pris quelques sueurs au vu de la cadence frénétique qu’il imposait. Bien qu’I Hate Models n’est pas difficile à retrouver dans le Grand Ouest, pour le moment nous ne faisons qu’approuver leur sérieux carburant et vigueur à nous électriser sur place.
Jacidorex. Déjà très surpris en amont d’avoir vu son nom dans la programmation, nous avions calculé notre temps pour ne pas rater sa venue à l’espace Sésame. La principale salle dédiée aux artistes aux sets et lives plutôt « agités ». Comme prévu, autant bon dans ses transitions, enchaînements que dans ses productions, Jacidorex nous a bien décoiffé au festival. La majorité du public présent connaissait pertinemment l’artiste. Difficile d’y voir des danseurs qui n’étaient pas en totale symbiose ou synchronisation avec le néoacid et techno poussés de Jacidorex. Une très belle chaleur régnait dans la salle, les lasers fusaient tant bien que mal mais avec ténacité aux rythmes variés des tracks.
Autre épatement, Subway Shamans, face à une petite déception avec Manu Le Malin, qui nous avait un peu perdu avec ses tracks et transitions trop décousues. Malgré toute l’intensité habituelle de Manu, nous ne savions pas bien sur quel pied danser. Toutefois avec Subway Shamans nous avons pu nous y retrouver un peu plus et repartir sur de l’Acid mouvementé, un peu de fraîcheur face à une bonne dose de basses de partout. On repart donc dans des mélodies vives mais non dénuées de sens.

Dernier round, en avant pour Boris Brejcha et Ann Clue. Boris, qui ne loupe aucun Panoramas. On pourrait s’en lasser, et bien non. Ce que l’on aime retrouver chez lui : sa vitalité mais surtout la convivialité qu’il instaure dans ses mix. Sa manière à lui de tambouriner joyeusement les murs, et à jouer avec du clubbing qui enchante toujours tout le monde. La bonne humeur est de mise, et même si c’est la fin du festival, Boris sait pertinemment finir en beauté et mettre d’accord tout le monde. On notera aussi la gaieté particulière et amusante d’Ann Clue, qui est certainement sortie très satisfaite du festival, avec un public aussi enjoué. Merci à toute l’équipe de Panoramas pour leur accueil toujours aussi chaleureux, cette ambiance unique, bretonne qui laisse tout participant de ce festival venir tel qu’il est, tant qu’il fait la fête !
Un report de Nicolas Lelong et Estelle Le Ray