On plonge dans l’univers d’Astrolab, une association culturelle regroupant un collectif d’artistes proposant des espaces de fêtes éphémères, scénographiés et alternatifs. Une rencontre qui ouvre les horizons et regards sur les expérimentations d’aujourd’hui, toujours portées sur la musique électronique et son potentiel artistique infini.
Événements hybrides où la musique se mêle ou se confronte à la vidéo, à l’image, lumière, et autre élément, le collectif Astrolab a pour objectif de contribuer à la promotion et diffusion des musiques électroniques au travers de ces opérations. Ayant démarré ses activités en 2012, l’association désire développe les expérimentations sonores autour de la techno, centre de gravité identitaire d’Astrolab.
Aujourd’hui nous allons suivre les pas et motivations d’Astrolab, animé de leur volonté d’explorer les circuits alternatifs de la fête. C’est via l’esthétique contemporaine des arts numériques et visuels que l’association hisse joyeusement ses voiles et nous accueille aujourd’hui avec entrain à cette rencontre.
LOFI | Le collectif vit depuis 2012. Quelle est votre actualité et où êtes-vous localisé ?
Camille (chargée de communication d’Astrolab) : l’Astrolab, c’est un groupe d’amis de Toulouse et ses environs, qui organise depuis quelques années maintenant des soirées et autres évènements. À Albi et Toulouse, mais aussi d’autres spots un peu plus à l’écart des villes. Cela faisait environ 3 ans qu’on pensait sérieusement à l’idée d’organiser un festival qui nous permettrait de mettre à l’honneur tout ce qui nous caractérise et ce que notre public à l’air d’apprécier, mais aussi de faire découvrir de nouvelles choses : ATOM festival. Le plus compliqué a été de trouver le lieu. Mais pendant ces 3 ans, nous avons pu vraiment prendre le temps de penser le festival, que chacun exprime ses envies et ses idées, afin de construire quelque chose de commun.
LOFI | Parmi vos missions, vous avez celle de mixer/mélanger la musique électronique et par ailleurs la techno à d’autres disciplines de l’art. Mais la musique électronique en soi vous évoque quoi ? Pour quelles raisons choisissez-vous ce genre ?
Camille : La musique électronique et ses mondes, ses ambiances, ses artistes et ses thèmes sont les nôtres. Si on considère la musique comme descriptive alors la techno parle d’un monde à plusieurs vitesses, rapides ou lentes, un monde industriel, matériel, souvent violent, mais aussi très poétique parfois. Les musiques électroniques que nous aimons nous les portons dans nos cœurs et dans nos imaginaires. Ces mélanges hybrides, que nous affectons particulièrement, sont pour nous des œuvres qui décloisonnent les genres, qui poussent l’expérience artistique vers l’idée d’une immersion émotionnelle et corporelle. Immersion et décloisonnement semblent s’installer dans tous les arts, comme une volonté commune, une esthétique de notre époque.

LOFI | Entremêler musiques électroniques et autres éléments artistiques bruts dans votre laboratoire, n’est-ce donc pas un peu paradoxal ? Mais passionnant nous direz-vous ?
Camille : L’hybridation ne nous semble pas paradoxale, elle va de soi. Notre équipe est hybride, d’ailleurs nous sommes tous individuellement hybrides ! La réussite d’un événement repose sur les éléments qui font son équation. La musique d’abord, puisque c’est elle qui nous a rassemblé, mais ensuite la lumière, la scénographie, la photographie et les arts vivants sont venus la rencontrer, parce que ces disciplines nous passionnent aussi et il s’avère qu’elles se marient très bien !
LOFI | « Hybride » et « alternatif », qu’entendez-vous par là ?
Camille : “Hybride” pour l’idée de décloisonner les pratiques artistiques qui perdent, selon nous, à rester isolées. Les Djs de l’Astrokrew prônent une musique hybride. Il en va de même pour les programmations que l’on choisit. Nous ne passons toujours pas plusieurs genres, accueillons des artistes d’autres horizons artistiques. Pour ATOM Festival nous créons une scène dédiée aux arts vivants : on continue nos hybridations !
LOFI | Pouvez-vous nous présenter des collaborations artistiques, des expériences qui vous ont marqué parmi les événements que vous avez menés chez Astrolab ou participé à organiser ?
Camille : Il me semble que les lieux jouent beaucoup dans chacune des expériences Astrolab. Je me souviens par cœur de la ferme qui nous a accueillis pour La Ferme électronique en 2015. L’espace qui nous est dédié nous permet de l’investir et de créer une ambiance folle, unique, qui nous sort irrémédiablement de notre quotidien.
LOFI | Sur quels projets vous penchez-vous prochainement ? Quels artistes, œuvres, disciplines artistiques avez-vous envie de dévoiler ?
Camille : Pour ATOM la nouveauté c’est l’accent sur les arts vivants. Comme on a quelques copains qui sont du milieu, on a réuni quelques comédiens, performeurs et intervenants pour créer un espace de parole, de corps et de textes. Quoi de plus excitant qu’un spectacle sous les arbres, avec une bière fraîche?
Pour ce qui est de la musique, on veut mettre en avant des artistes qui expérimentent l’hybridité autour de différentes sonorités. Aussi, la plupart de ces artistes sont de jeunes talents pas forcément en haut de l’affiche d’habitude, on avait envie de mettre en avant la création émergente, le travail de qualité, mais aussi la diversité des artistes contemporains.

LOFI | Finalement cette notion de « laboratoire », est-ce un tremplin artistique finalement ?
Camille : Un tremplin pas seulement… On ne fait pas que passer par l’Astrolab pour aller ailleurs. Bien sûr, nous cherchons des artistes émergents et nous participons à la diffusion et à la visibilité des artistes. Mais c’est une expérience que nous voulons créer, ainsi qu’une vraie relation avec les artistes que l’on rencontre. Alors je dirais plutôt que l’Astrolab, tout comme ATOM, est un espace-temps de vie, de réflexion, d’imagination et d’expérience artistique.
LOFI | Pour pimenter le tout : entre une grotte, un ancien train et un manège abandonné, lequel de ces lieux choisiriez-vous d’investir ?
Camille : Ancien train ! Le train a des possibilités infinies de salles, d’ambiances… La soirée devient un parcours, une pièce de théâtre déambulatoire où on peut cacher des surprises partout. Non vraiment je crois qu’il n’y a rien de plus cool qu’un train !

LOFI | Entre une paille, une capsule de bouteille et un rouleau de scotch, quel meilleur instrument à vos yeux pour tente de faire de l’art ? Rien qu’avec ?
Camille : Le scotch… Tu prends tous les membres de l’Astro et tu les enroules de scotch et tu as une sacrée chaîne de morceaux d’art ambulants.