Lors de son passage à Toulouse, nous nous sommes entretenus avec Antonin qui a fondé avec Jules, le label Rhythm From. Comme son nom l’indique, le principe du label consiste à dénicher les talents d’une ville et à les mettre en valeur par le biais d’une compilation. Remarquablement distribué par « Chat Noir », les artistes présents sur l’EP y voient l’opportunité de se faire connaître ou d’accroitre leur notoriété.
Alors que beaucoup de labels se confrontent à l’opposition global/local, Rhythm From prouve qu’avec un peu d’ingéniosité, il demeure possible de dépasser cette contradiction et proposer un EP qualitatif, 100% local mais destiné à un large public.
LOFI | Salut Antonin, peux-tu nous présenter le label « Rhythm From » que tu as monté avec ton associé Jules ?
Globalement l’idée consistait de se concentrer sur les producteurs d’une même ville et lui rendre hommage à travers une compilation de 6-7 producteurs en fonction de que l’on a pu écouter. On a commencé par Toulouse avec des artistes house/disco: Mangabey, Le Hutin, Juan Chris, Peter Palace, LDM, MoMo, Twice Movement; nous allons poursuivre la même démarche et mettre en lumière d’autres villes. Nous ne nous limiterons pas à un genre musical et avons déjà une petite idée de la deuxième ville qui sera probablement Outre-Manche.
LOFI | Dans votre cas, êtes-vous véritablement indépendant ou êtes-vous intégré à une autre structure ?
Nous sommes complètement indépendants et avons un distributeur « Chat Noir », une entité électro qui distribue d’autres labels du même genre comme Pétrole, Luud, Copie Blanche, etc. Ils s’occupent d’environ une quinzaine de labels ayant à peu près la même esthétique donc on s’est rapidement orienté vers eux et cela se passe très bien : on a épuisé la moitié de nos copies en deux semaines seulement ce qui est plutôt encourageant. On a un bon accueil, notre projet est visible ce qui représente un avantage certain. Les gens comprennent assez vite la démarche du label et cela crée quelque chose de fédérateur entre le public et notre projet.

LOFI | Il y a beaucoup de producteurs et de collectifs à Toulouse, comment avez-vous choisi ceux qui ont participé à la compilation ?
Jules et moi sommes originaires de Toulouse donc c’était un peu l’évidence de commencer par cette ville ; nous connaissions beaucoup de gens et les avons sollicité pour cette première compilation. Pour Toulouse, cela a été facile de trouver des artistes que l’on avait envie de produire. En ce qui concerne les autres villes, on cherche en fonction de celles que l’on souhaite mettre en avant et qui ne sont forcément attendues, c’est même ce que nous nous efforçons de faire. Ensuite, nous réalisons un travail classique sur internet où nous cherchons les collectifs, les petits labels, les artistes présents sur les réseaux, les sites streamings, ce qui nous permet ensuite de les contacter. Dés que l’on commence à avoir les premiers liens, il devient assez facile de s’orienter et de mieux connaître la scène locale. On ne se fixe aucun objectif en termes de nombre de sorties par an, on ressent juste l’envie de développer ce projet en prenant le temps d’avoir les bons morceaux et être en adéquation avec ce que l’on veut faire. Nous travaillons sur la deuxième ville sans se précipiter et espérons sortir la compilation début 2019.
LOFI | Il est de plus de plus en plus difficile de gagner de l’argent sur les ventes de disques, beaucoup de labels développent une partie « événementiel », comment vous situez- vous par rapport à cela ?
Nous avons une économie un peu fragile sur le projet, mais parvenons à le rentabiliser avec la vente de vinyles qui nous permet de récupérer un peu d’argent. Ensuite, effectivement, nous avons fait deux « releases party », une à Toulouse et l’autre à Paris. Tout recoupé, cela nous permet d’entrer dans nos frais pour la production de cet EP et nous projeter sur le deuxième.
LOFI | Un indice pour le deuxième EP ?
C’est du coté de l’Irlande probablement…