Une longue file de passionnés et de curieux s’étale devant la Philharmonie de Paris. C’est ce soir qu’ouvre l’exposition ELECTRO au musée. La première à retracer de façon si complète l’histoire de la musique électronique en France. Avec des installations créées par Daft Punk, Jean-Michel Jarre ou encore Kraftwerk, le rendez-vous promet d’être absolument incontournable du 9 avril au 11 aout prochain.
Depuis presque 50 ans, la musique électronique est synonyme d’innovation. Il était donc primordial pour l’exposition la plus ambitieuse sur le sujet d’être fidèle à cet esprit. Ainsi, le commissaire d’exposition Jean-Yves Leloup nous propose une expérience unique, au travers d’une scénographie toute particulière signée 1024 Architecture. Dès les premiers pas dans l’exposition, nous sommes plongés dans l’obscurité typique des clubs et invités à (re)découvrir l’œuvre des pionniers de l’électronique. Boîtes à rythmes, synthétiseurs ou encore flyers de raves londoniennes des années 80 s’étalent devant nous, entourés d’immenses photos d’Andreas Gursky.

Une balade plus qu’une visite
Passée cette introduction chronologique posant les bases du sujet, le visiteur est laissé libre de choisir son parcours. L’exposition est structurée comme un immense échafaudage dans lequel on se balade librement, allant d’un cube se concentrant sur les premiers clubs ouverts à New York à une pièce retraçant la naissance de la house à Chicago. A travers des photos, des affiches, des vidéos ou des costumes, le visiteur s’immerge dans les différents lieux ayant permis l’explosion mondiale de la musique électronique depuis les années 70. Dans un autre coin, Jacques a exposé le bizarre attirail qu’il utilise lors de ses lives. Quelques mètres plus loin s’élèvent les sculptures de Xavier Veilhan à l’effigie des îcones de la musique électronique comme Daft Punk ou Giorgio Moroder. On découvre le tout à l’aide d’un casque distribué à l’entrée que l’on peut brancher sur plusieurs bornes. Car l’exposition est avant tout musicale, à travers plusieurs playlists mises au point par Laurent Garnier qui accompagnent la visite. On se balade alors au rythme de la house de Chicago, de la techno de Detroit ou du disco de New York qui résonnent dans tout l’espace grâce au système son parfaitement mis au point par Sonos.

Les artistes s’invitent
Le gros point fort de l’exposition réside dans les collaborations mises en place avec des artistes, qui proposent au public des installations uniques. Les très rares Daft Punk présentent ainsi Technologic Redux, une installation inspirée du clip de leur morceau Technologic (sur l’album Human After All, 2005) permettant de se replonger dans l’univers si particulier du duo français. Jean-Michel Jarre prête également plusieurs instruments de son studio, notamment sa célèbre harpe laser. Enfin, le mythique groupe Kraftwerk présente une installation immersive en 3D, prémices des concerts qu’ils donneront cet été à la Philharmonie dans le cadre du festival Days Off. L’évènement est donc de taille tant il est rare de voir des artistes aussi divers regroupés pour la même cause. Pour la première fois dans un musée, la musique électronique est présentée au grand public. Et c’est une belle réussite.
L’exposition est riche, complète et totalement immersive. Prenant le parti de surprendre comme la musique électronique le fait maintenant depuis plusieurs décennies. Les novices et les passionnés y trouveront chacun leur bonheur tant la scénographie est intuitive et les installations immersives. En passant sous les énormes lettres en néon clamant « La fête est finie » qui marquent la sortie, on n’a qu’une envie : visiter une nouvelle fois l’endroit pour capter les détails qui nous ont échappés. On a jusqu’au 11 aout pour le faire.