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25 ans d’Astropolis : un quart de siècle mythique de musiques électroniques

La Cité des Etoiles revêt de ses plus belles étincelles avec sa 25e édition estivale du 3 au 7 juillet prochain. Le Festival Astropolis est bien prêt à passer le cap du quart de siècle et briller de mille feux pour ces 25 années d’âge de manière explosive et splendide.

Programmation pointue, cadre magique, une atmosphère sulfureuse, propreté d’organisation et surtout : un amour pour les musiques électroniques, fantastiquement célébré. Voilà comment définir Astropolis depuis ces 25 années d’existence. Toujours mené au « bout du monde », à la pointe du Finistère à Brest, le Festival Astropolis compte bien nous éblouir cet été. De sacrés artistes seront de la partie, allant du
projet X102, événement rare et pour la première fois en France, Denis Sulta, Marc Romboy, Apparat, Oktober Lieber, Paula Temple, Arnaud Rebotini, Max Cooper pour n’en citer que quelques-uns. Et surtout, la « performance » sera le grand mot du festival, avec une place centrale tournée autour du live.

La roue ne sera qu’un plus, face à ces concerts qui s’annoncent très riches en sensations.

Rappelons-le, le festival s’empare de Brest le temps de vivre les musiques électroniques le plus intensément possible. Avec un déjeuner-concert avec Laake le mercredi midi, en co-production avec la Carène, un live par Maxime Dangles le jeudi soir, dans le cadre du projet SONARS également en co-production avec La Carène, du fun pour les enfants lors d’animations à l’Astro Kids, des expositions, des sessions clubs (Kobosil, I-F…), des open-air pour tout le monde avec des artistes locaux et enfin des performances inédites au Bois de Keroual.

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Crédit photo : David Boschet

Gildas, l’un des fondateurs de l’événement nous a fait un état des lieux de ce quart de siècle passé. Entre galères, succès, rencontres humaines, mais aussi des révélations artistiques et une passion inaltérable.

LOFI | Entre la toute première édition d’Astropolis et 25 années écoulées, on en retient quoi ?

Gildas : la première a eu lieu en 1995. Entre invétérés de musiques électroniques, on formait une association comme tout le monde à la base. On est parti de petits concerts en ville, entre nous, à des raves, événements dans des gîtes, à la plage. Plein de petits formats différents où on aimait juste partager notre intérêt pour les musiques électroniques. Chaque week-end on se relayait entre Rennes, Nantes, Brest. Puis en découvrant les raves anglo-saxonnes et autres, on a eu la détermination de développer la même énergie par chez nous et de mettre en scène cet éclectisme musical dans les musiques électroniques. Ainsi on a installé 3 scènes pour 1 200 personnes avec des collectifs bretons et autres artistes pionniers de l’époque. Toute la communauté locale et plus éloignée était présente. On n’était pas autant qu’aujourd’hui.

La partie institutionnelle était décalée autrefois, pour elle, ces événements n’étaient que de « passage ». Actuellement on est fier de sentir une meilleure reconnaissance d’un certain travail. D’une bataille même, depuis 15 ans.

Les choses ont beaucoup changé désormais. On travaille avec les institutions, il y a même une édition hivernale depuis 2012 avec tout un panel d’actions culturelles. Le label Astropolis Records s’est lancé la même année, plus notre accompagnement artistique de nombreux projets (Manu le Malin, Möd3rn,  Madben, Blutch, District Sampling, artistes locaux…).

On a beaucoup appris sur le terrain, mais l’envie reste de toujours partager cette forte passion de vivre ces musiques électroniques. Que ce soit de manière festive, humaine et d’en connaître quelques secrets de talents artistiques.

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Crédit photo : David Boschet

LOFI | Comment traduisez-vous cet intérêt pour l’électro dans votre format ?

Gildas : on essaye de représenter un maximum de styles de musiques électroniques. De l’expérimental au drone, de l’ambiant aux genres plus dansants tels que la house, techno, garage, hardcore. On s’adapte aux horaires et aux lieux. Par exemple sur le grand open air de Beau Rivage, on démarre chill pour finir sur de la house déjantée.

Il ne faut pas oublier que la musique électro c’est tout une culture. Pas juste des concerts, il y a un chemin avant que les artistes en arrivent à là. Avant qu’un festival ne prenne bien vie.

De même, cette année en effet on donne plus carte blanche à des lives inédits. Car c’est important de montrer ce dont sont capables les artistes,
au-delà de leur travail de production ou de DJ. Ils ont de vrais talents à faire connaître, une histoire, une âme. Arnaud Rebontini va venir avec ses 8 musiciens philarmoniques, Max Cooper va faire une grosse prestation avec de la vidéo par exemple.

LOFI | Encore une programmation qui étonne. Face à d’autres qui se tournent vers les mêmes artistes et tendances à répétitions dans l’électronique, vous restez « vous-même » et proposez des artistes moins « accessibles » dans le coin. Un challenge et une certaine vision que l’on respecte fortement.

Gildas : ça tourne en rond. Contribuer à valoriser que des headliners ce n’est pas notre cas. Finalement, on pourrait presque se dire que plus le temps passe et plus on a des difficultés à capter un réel public électro de nos jours. Entre ceux qui sont exigeants et sensibles aux shows, à l’organisation, où la musique vient en second lieu.

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Crédit photo : David Boschet

On tente comme on peut d’écouter, analyser l’actualité dans la musique électronique et de discuter. Il faut trouver des ententes avec les artistes pour que leurs prestations corrèlent avec nos ambitions et moyens scéniques, techniques et autres, que chacun puisse s’y retrouver artistiquement.

Le Festival Astropolis n’a pas vocation à juste faire danser le public comme dans les années 80 dans les discothèques. Si on envahit la ville de Brest pendant plusieurs jours c’est pour en faire profiter tout le monde et d’en découvrir plus que du simple son. Encore une fois, la culture.

Les artistes sont aussi des compositeurs, pas que des djs, ils ont beaucoup à donner. On ne les voit pas toujours à leur juste valeur.

Quand bien même notre programmation ne parle pas à tous, ce serait normal, on reste ouvert aux critiques et aux débats. On ne passerait pas autant de temps sinon à faire venir certains artistes ou à mener le festival depuis 25 ans comme on peut. Et oui, à notre façon, avec nos goûts personnels.

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Crédit photo : David Boschet

LOFI | Justement, vous priorisez cette année des performances plus expérimentales. Un certain challenge technique, artistique, comment comptez-vous gérer ça dans les différents lieux ?

Gildas : la passion fait vivre. On a la niaque, les vrais ne se sont pas lancés dans le milieu en étant des entrepreneurs se disant qu’il y avait de la maille à se faire.

On va tout donner main dans la main avec une équipe dont je tiens énormément depuis une dizaine d’années pour certains, plus pour d’autres. Les heures seront bien définies en fonction des prestations de chacun, on maintient un format rave au Manoir et Bois de Keroual avec nos différentes scènes.

Même si Apparat est très pop, acoustique, doté de musiciens, il passera à 23h15. Pas à la même heure que Paula Temple par exemple, pourtant à la même scène et pas celle de Marc Romboy. Ce sont des défis, mais des plaisirs de voir les résultats ensuite, inciter les gens au voyage, à profiter de chaque lieu, ambiance.

On vise de l’intense, de l’adrénaline, on a forcément besoin de ça dans le métier sinon on n’aurait pas un pied dedans. Et beaucoup de bénévoles reviennent mouiller leurs maillots pour que ça se passe bien.

On ne fait pas que ça pour « nous », sinon on aurait arrêté avant ces 25 années de montage et démontage, de booking, production, diffusion et autres. Aujourd’hui je peux clairement dire que je suis bien entouré. Ce sont des métiers à risque.

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Crédit photo : David Boschet

LOFI | Qu’imagineriez-vous si vous aviez tous les moyens possibles pour réaliser au de-là du possible ? On adore votre roue, on peut fantasmer sur plus ?

Gildas : Oui la roue fait partie de l’histoire. Et il aura fallu qu’on m’y pousse bien pour qu’un jour j’y monte dedans (rires), je passe plus mon temps à me balader entre les scènes.

On favoriserait l’amélioration de l’accueil du public, de la décoration.

Avec une volonté de déstabiliser encore plus les participants, de leur faire vivre un max d’imaginaire où ils deviendraient acteurs de l’événement. Faire un genre d’Alice au Pays des Merveilles.

Pourquoi pas mener des happenings de comédiens, il y aurait tant à faire. On retiendrait en fait l’esprit rave, celui de transformer l’endroit où on est, à en oublier qui on est. Puis retourner au boulot après. Mélanger divers univers, comme les vraies raves avec les rockers, punks, fans d’électro.

Un brin de magie qui se fait de plus en plus discret dans le milieu. Et c’est dû à des moyens de moins en moins accessibles, plus de rigidité. Rien qu’au niveau des normes sécuritaires. Il y a trop de choses souvent à payer en amont avant d’arriver à l’artistique. Pour rendre un site extraordinaire, on a déjà dû pas mal dépenser auparavant. Car les priorités sont ailleurs malheureusement en premier temps.

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Crédit photo : FTNE

LOFI | Quel parcours tenu tout ce temps avec et dans la ville de Brest, des derniers mots à partager ?

Gildas : on est tous de la même génération en fin de compte. Désormais on use du même langage. Il y a une réelle envie de croiser les cultures avec les élus actuellement. Ce n’est plus une perte de temps à leurs yeux, la médiation est plus efficace, fluide. On le sent rien qu’avec nos collaborations avec le Centre d’Art Contemporain de la commune, le théâtre etc. Les relations sont plus naturelles. La municipalité n’est plus observatrice, mais montre une envie de progresser avec nous, avec une ouverture d’esprit plus large.

La ville ne paraît pas bien funky, on a l’impression de se déplacer au bout du monde.

C’est comme si on s’était endormi jusqu’à arriver au terminus dans le train et se retrouver à Brest. On n’y vient pas par hasard.

Pourtant cela reste une terre culturelle forte avec de nombreux événements de musiques différentes qui sont menés tout le long de l’année.

On remercie d’ailleurs tous nos partenaires et notre public qui montre autant de chaleur et d’engouement chaque année. Car cela fait partie aussi de notre détermination à en être là aujourd’hui.

Merci encore à Gildas pour cet entretien qui marque ces 25 années d’existence chez Astropolis.

Toutes les informations à retrouver sur le site officiel.

Par Estelle

Passionnée des musiques électroniques et désireuse de mettre en lumière les métiers et autres arts qui s'articulent autour de ce grand univers. La culture psytrance et la techno/chill sont les moteurs actuels de mes good vibes et domaines que je souhaite en priorité explorer. A votre écoute !

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