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Comment Get In Step est devenue la soirée drum & bass la plus cool de France

Qui disait que la bass music faiblissait en France ? Sûrement pas Get In Step. Depuis 2012 ces soirées vont vibrer la drum & bass à Paris, et suite au départ de grands acteurs du milieu, se voient propulsés sur le devant de la scène à force de soirées de qualité. Bonne musique et bonne ambiance, un mélange qui porte ses fruits et qu’on retrouve avec joie le samedi 30 novembre prochain au Trabendo. 

A quelques jours de retrouver le rythme endiablé des basses du label Blackout fondé par les très sérieux Black Sun Empire, l’un des organisateurs et aussi co-fondateur de la société de production Ohlala, Thibaud Moussel, a répondu à nos questions.

LOFI: On s’était rencontré en 2016 et vous nous aviez parlé de Get In Step, faire une soirée drum&bass dancefloor où chacun rentre à son rythme, tout en prenant compte des évolutions du public. Qu’en est-il aujourd’hui ? Est-ce que les choses ont changé avec le départ des soirées Jungle Juice ? 

Thibaud: Hello ! Merci à vous pour l’invitation tout d’abord. Je ne sais pas si les choses ont fondamentalement changées. Dans le fond Jungle Juice est une soirée qui a beaucoup donné pour la scène mais la musique vit, change au gré des acteurs et des courants. Je pense donc que Jungle Juice, ou n’importe quelle autre soirée s’arrête, la musique reprend ses droits avec une nouvelle génération de promoteurs passionnés par cette musique. C’est la beauté du spectacle et du live, la musique est née comme ça et continuera ainsi.

Notre approche elle non plus n’a pas changée. Nous sommes toujours de simples promoteurs essayant de faire vivre cette musique qui nous passionne un peu plus chaque année. Tout comme on se l’est toujours dit ce qu’on veut c’est représenter la drum & bass et n’en montrer que le meilleur du moment. Cela peut passer par de gros artistes neurofunk que nous avons reçu: Mefjus, Audio, Phace, Current Value etc… Mais cela passe aussi par des artistes liquid, deep, ‘dancefloor’ et tout sous genre. L’idée a toujours été de faire sauter les barrières entre les styles. On a reçu des artistes tels que Dimension, Metrik, Enei, Culture Shock, S.P.Y, Synergy, Spectrasoul, Maduk, Annix, Macky Gee, Klax…

On va là où notre coeur nous mène pour que talents d’aujourd’hui et de demain se rencontrent à un seul et même endroit : GET IN STEP.

LOFI: La prochaine soirée est avec Blackout, un label de neurofunk. Est-ce que ça aurait été possible il y a 2-3 ans ? 

Thibaud: Oui et non. Bien avant cette soirée nous avions déjà reçu Phace, Neonlight, Pythius, Merikan, Disprove, Synergy et nombre d’artistes de chez Blackout. Néanmoins nous ne voulions pas nous concentrer sur des soirées de label. J’ai (Thibaud) personnellement toujours trouvé ça à l’opposé de ce qu’on essayait de construire avec Get In Step et que j’expliquais avant en promouvant la diversité (on a quand même fait RAM Records 2 années de suite). Néanmoins je pense que récemment ces labels ont diversifié leurs signatures, on est vraiment à un point tournant pour la drum & bass où chacun explore de plus en plus son identité sonore. C’est donc là qu’on a trouvé ça intéressant de faire une affiche Blackout avec Phace, Neonlight, Gydra, et Redpill tous très différents les uns des autres dans leur approche de la drum & bass.

© ROVINGSHUTTER

LOFI: Le départ de Chwet a fait du mal à la bass music en France ? Comment l’avez-vous ressenti ? 

Je ne pense pas que la bass music au niveau national en ait souffert. Je m’explique, je n’ai jamais vu autant d’artistes bass en France que depuis 2018. Paris, Toulouse, Lyon et pas que, nous nous attachons tous à faire vivre cette scène, des événements de moins de 500 personnes à plusieurs milliers. Toulouse a de plus en plus d’événements bass entre les différentes organisations présentes dans la ville rose, Lyon a vu la naissance de Phase et notamment leurs soirées Grave avec qui nous serons le mois prochain pour un événement drum & bass/dubstep et tout ça en plus de l’acteur historique : Totaal Rez qui restent des amis. Du côté de Paris, malgré le départ de Chwet la bass music a repris ses droits. Nous avons lancé une nouvelle soirée: Composite; Get In Step affiche complet à chaque édition, et surtout la scène se porte bien avec 4 concurrents qui nous viennent en tête au moment où l’on écrit ces mots. 

LOFI: Comment voyez-vous l’arrivée de concurrent sur la scène avec notamment 193 Records qui lance des soirées Tartines, avec un line-up ambitieux ? 

D’un oeil surpris. Nous ne nous attendions pas à voir 193 Records tenter l’expérience drum & bass; étant historiquement 100% dubstep. La concurrence est un signe d’une scène en bonne santé, comme on le précisait avant. De notre côté nous savons bien que Get In Step restera fidèle à ce qui a fait son succès et nous avons plein de choses à annoncer dans les prochains mois.

LOFI: Aujourd’hui il y a moins d’offre et la demande est croissante. Le Trabendo, lieu historique fait figure d’endroit parfait, mais est-ce que vous pensez à agrandir, des éditions plus grandes temporaires ou sur le long terme ? 

Il n’y a pas moins d’offre au final en regardant la bass music déborde d’événements tous les weekends à Paris. Nous avons en effet construit quelque chose avec le Trabendo depuis 2015 et nous nous y sentons à la maison mais nous pensons à nous agrandir. Le problème actuel dans la capitale vient des salles avec des tarifs inaccessibles à tous les acteurs de la nuit. Le but de nombre de lieux est de se reconvertir vers des congrès pour entreprises, cocktails et autres événements plus faciles à gérer, avec plus d’argent et une image plus haut de gamme. Il est donc de plus en plus compliqué pour les organisateurs d’événements musicaux et de soirées d’avoir accès à des lieux répondant à leurs besoins. La nuit se meurt à coup de politiques, et d’inflation dûe au « tout événement » qui est le nouveau crédo pour la communication des grandes entreprises. Néanmoins nous travaillons actuellement dessus.

Zorel et Thibaud Moussel, les deux artisans de Get In Step. © Cassandra Coldeboeuf

LOFI: Get In Step fait maintenant partie d’une société de production qui englobe également les soirées Composite, qui sont focus sur la bass house, et qui ont tout de suite cartonné. Quel est le concept autour des soirées Composite ? 

Ohlala s’est en effet lancé il y a quelques mois ! C’est un projet à 360° pour mener à bien nos projets avec du booking, de la direction artistique pour d’autres clubs et festivals, et aussi une maison pour nos différents projets événementiels.

Composite est officiellement né en juin 2018 avec la volonté de créer une plateforme où les nombreux producteurs house en France pourraient enfin s’exprimer, à la maison et devant un public de fidèles. Nous avons observé que tous les producteurs qui ont fait ce renouveau de la ‘french touch’ étaient souvent obligés de partir vers les USA pour réussir à avoir une carrière par manque d’événements sur ce type de musique en France. Un paradoxe non ? Nous avons des producteurs tels que Malaa, Tchami, dj Snake qui essaient de faire bouger les choses de leur façon mais on tenait vraiment à apporter notre pierre à l’édifice car la house music en France c’est un truc historique. De Ed Banger Records à Confession les français ont toujours mis une claque à la scène internationale et sans être chauvins on veut participer.

D’une autre part la bass house c’est un drôle de terme où chaque scène a sa musique. Les anglais ont le Garage et la UK Bass qui tombent à peu près dans cette case, les USA ont la bass house telle qu’on l’entend aujourd’hui, et les français ont ce son assez unique que certains américains commencent à appeler french house. Pour nous Composite c’est la rencontre du 3e type – la bass et la house dans une seule et même soirée. La scène anglaise rencontre les français et les américains pour une soirée magique.

En un an on a eu des artistes tels que JOYRYDE, Moksi, Flava D, Taiki Nulight, My Nu Leng, Holy Goof ! Tout ça en continuant de pousser les labels français tels que Confession (Tchami), Gold Digger, Noir Sur Blanc ou Sans Merci. Pour nous le travail sur Composite est une belle récompense lorsque l’on s’assoit dans une salle avec des managers anglais et qu’on discute de comment réussir à populariser nos styles respectifs dans nos deux pays.

https://www.facebook.com/compositevents/videos/2821277947924257/?t=0

LOFI: Quel est votre public pour ce genre de soirées ? Descend-il uniquement de la bass music ?

Encore une fois oui et non. Notre public a forcément un attrait pour la bass music mais je dirais que seulement 20% vient de la scène bass ‘historique’, du dubstep ou de la drum & bass. C’est quelque chose qu’on a commencé de zéro avec eux et on a énormément de gens qui font leur première soirée Composite et deviennent mordus très vite. On croise un peu de tous les profils, mais surtout de grands fans des producteurs qui choisissent Composite à l’instar de JOYRYDE qui a littéralement transformé le Trabendo en une marée humaine pour l’un des meilleurs shows qu’il n’ait jamais fait en Europe selon lui.

https://www.facebook.com/enJOYRYDE/videos/475876233254701/

Un grand merci à Thibaud pour avoir répondu à nos questions ! On retrouve toute l’équipe de Get In Step pour une soirée avec Blackout le 30 novembre qui s’annonce bouillante ! Toutes les informations se trouvent sur leur événement Facebook.

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