Vie nocturne et Allemagne sont souvent associées à la ville de Berlin. Destination européenne préférée des teufeurs, la capitale allemande est une zone qui regorge d’une vitalité incroyable avec un nombre de clubs et collectifs incalculables. Cependant, à l’ombre de Berlin se cachent d’autres villes allemandes dont l’activité n’ont rien à lui envier. C’est le cas de Hambourg, deuxième ville du pays et point chaud méconnu des teufs allemandes endiablées.
Et qui de mieux qu’un local pour parler de cette ville du nord bordée par l’Elbe ? Nous avons donc échangé avec Max, « ambassadeur » de la ville pour le groupe facebook des Diggers de Schengen. Ce groupe rassemble la diaspora française en Europe en distillant des conseils et bons plans de sorties dans chaque ville. Si vous partez à l’étranger pour un long moment ou même un week-end, ce groupe est à ne pas manquer.
Hello Max, peux-tu nous dire comment tu es devenu ambassadeur pour Diggers de Schengen ?
Je dirais par un concours de circonstances. Je suivais pas mal de groupes électro dont notamment le Pas Weather Festival qui a changé de nom quinze fois pour devenir Techno Drama. Sur ce groupe pas mal de personnes cherchaient des infos sur des teufs à l’étranger et c’est là que Nabi, l’admin, a posté le nom de son groupe (Diggers de Shengen).
Quelques temps plus tard, ils cherchaient des « locaux » pour tenir au courant les membres du groupe des soirées dans leur ville. Je me suis proposé pour Hambourg, tout simplement.
Une riche offre culturelle
Peux-tu nous décrire la vie nocturne là-bas ?
Quand tu parles de Hambourg à un allemand, il ne va pas associer tout de suite la musique électro à cette ville. Ils risquent de te parler davantage de leurs soirées à Sankt Pauli ou sur la Reeperbahn (le quartier des bars). En même temps, c’est bien normal, la ville met en avant surtout son côté rock et trash pour attirer le touristes en quête de bière pas cher. Par exemple, l’été est organisé le festival des bikers et la Schlagermove, un immense défilé de cinquantenaires en tenue fluo qui auraient pour idole Patrick Sébastien s’ils étaient français.
Du coup, la scène électro fait un peu profil bas dans cette ville, elle est un peu plus cachée. D’ailleurs, quand je suis arrivée à Hambourg en 2015, je me demandais bien comment j’allais survivre dans ce marasme musical mélangeant Oasis, Gala et Beyoncé. Je rentrais du coup une fois par mois à Berlin pour prendre ma dose de techno léchée.
Puis, au fil des mois et des rencontres, tu t’aperçois qu’il y a énormément de clubs. Chaque weekend, tu as moins quatre ou cinq soirées électro/house/techno. Le choix est large à qui sait attendre !

Deux climats, deux ambiances
Au vu du climat de la ville, j’imagine qu’il y a une grande différence entre faire la fête l’été et l’hiver ?
Le soleil étant une chose rare ici, le temps passé sous ces rayons est donc précieux. Et les allemands ont vraiment cet art quand il fait beau de s’approprier leur quartier et passer du temps dans les parcs.
D’ailleurs en parlant des parcs, au contraire de toutes les grandes villes françaises, Hambourg est une ville très verte avec un nombre incalculable d’espace vert. C’est très facile de se sentir en dehors de la ville tout en restant dans le centre. Les collectifs et clubs du coin l’ont bien compris et organisent donc énormément d’open air de mai à septembre. A côté des grands concerts et festivals organisés officiellement, il n’est pas rare de tomber sur des free party aux bordures de la ville. La dernière que j’ai faite, c’était en marge d’une fête de quartier dans la partie sud de la ville. A Wilhemsburg, au bord d’une piste cyclable longeant les containers du port. Le spot était génial et les gens vraiment chill.
Ouais, les fêtes de quartier ne manquent pas. Les habitants bloquent les rues, sortent les barbecues et les kartoffelsalat (salade de pomme de terre). Ils vendent leur bouffe et de l’alcool dans la rue. Des scènes sont montées et la fête dure toute la journée. La Beckstrasse Fest qui se déroule début août vaut vraiment le coup. En fin de journée, c’est souvent de l’électro qui passe dans la rue.
Sinon, quelques clubs de la ville ont aussi pas mal d’espaces en plein air comme le Südpol ou Anderswelt. C’est le bon plan pour venir teufer en journée ou finir ces soirées au soleil.

Une expérience de la fête incomparable
Quels sont les meilleurs clubs/collectifs pour toi ?
Mes clubs préférés sont Anderswelt (anciennement le Moloch) et le Südpol. Tout est réuni : programmation, système son, décors, accueil, horaires d’ouverture. Seul problème, le temps d’attente. Tu peux bien passer une ou deux heures à attendre. On se croirait devant le Berghain… Sinon, dans le centre, près du quartier de Shanze, le Waagenbau joue de la techno qui tape bien. Il fait chaud très chaud, tellement chaud que les murs commencent à suinter en milieu de soirée.
Pour les collectifs, je conseillerais les gars du Stützpunkt. C’est un collectif Hambourgeois qui organise pas mal de soirées techno. Celles-ci sont encore assez peu connues mais je peux t’assurer qu’ils savent mettre l’ambiance. Un de leur dj, Christopher Kalvelage passe toujours des sets monstrueux. Plein d’énergie et tellement dansants. Le parfait warm-up pour lancer une grosse soirée.
J’imagine que la mentalité doit être bien différente de la française
Oui, à Hambourg comme partout en Allemagne, la mentalité est très différente en soirée. Pour être honnête, dès que je rentre en France, je sens une tension plus forte et une agressivité ambiante. Que ce soit à Nantes, Strasbourg ou Montpellier où j’ai passé de nombreux mois et années, il y avait toujours des bastons ou des gars qui sortaient les muscles pour impressionner je ne sais qui. Ici, même sur la Reeperbahn, les coups de poing sont très rares.

Une identité qui lui est propre
Toutes mes potes françaises apprécient vraiment de sortir en Allemagne sans se faire emmerder. Les allemands ont un peu plus d’appréhension à parler à des inconnus. Mais par contre, il est donc un peu plus difficile de rencontrer d’autres personnes. Ici tu sors avec ton groupe et tu rentres avec ton groupe. Le revers de la médaille.
Sinon, pour parler plus spécifiquement des soirées électro, j’apprécie vraiment cette NOPOLICY : NOracism, NOHomophobia, NOSexism & NOPhoto. La liberté de chacun est préservée dans tous les sens du terme. Tout le monde est le bienvenue (même si les soirées électro à Hambourg sont très blanches) et chacun peut se laisser aller à ce qu’il veut. L’interdiction de prendre des photos garantit pleinement cette liberté !
Et quelles différences vois-tu entre faire la fête à Hambourg et à Berlin ?
Même si je disais qu’Hambourg était un peu trash, ça reste une ville assez bourgeoise. Tu croises moins d’originaux dans la rue ou dans ta boîte qu’à Berlin. Les teufeurs sont aussi moins « arty ». Depuis que je suis à Hambourg, j’ai vu personne danser en Doc et speedo ou aller chercher ses canettes à poil à l’épicerie du coin à 23h. Berlin, c’est un monde à part ! Mais du coup, pas besoin ici d’en rajouter des caisses sur son style pour pouvoir rentrer à coup sûr.
Autre point important, Hambourg n’est pas une ville située sur la carte des villes où passer un weekend. Le nombre de touristes est donc nettement moins important qu’à Berlin. La ville compte pourtant près de 2 millions d’habitants et un charme indéniable !

Quand je rentre en boîte, je suis souvent l’un des seuls étrangers. Les gens sont d’ailleurs souvent étonnés de voir un Français dans leur club, alors qu’à Berlin…
Un clubbing politique
Hambourg est également une ville très politisée et le monde de la nuit l’est sûrement davantage qu’à Berlin. Alors que dans la capitale, les organisateurs proposent à leurs fêtards de vivre une véritable expérience sensorielle et émotionnelle, du style Berghain, Trésor ou KitKat, à Hambourg, on cherche beaucoup l’esprit de fraternité. Les Hambourgeois sont, je pense, moins nihilistes et ne sont pas prêts à se donner corps et âme dans la fête.
Certains clubs affichent ici clairement leurs couleurs politiques comme le Rote Flora, le Gängeviertel ou le Golden Pudel. Ici c’est rouge et « refugee welcome ». Les collectifs et clubs sont très investis dans les questions de sociétés. A titre d’exemple, lors du G20 en 2017, un défilé techno avait été organisé, Lieber Tanz ich als G20 (en allemand, ça rime), c’était clairement un manifeste anticapitaliste.
Un conseil à ceux qui viendraient un jour faire la fête sur Hambourg: prenez votre temps. Il y aura toujours un bar ou une boîte d’ouverte pour vous, ici les nuits sont longues !
Danke schön Max !
Bitte schön !