Techno d’Amérique latine et d’Europe, une belle connexion artistique mise en valeur par les talents des artistes du label Fluctuat Records. Un focus sur cette équipe très suivie par des djs de renommée comme Rebekah, Tommy Four Seven, Luca Agnelli, AnD et bien d’autres. Jules, son fondateur nous raconte son histoire et la compilation qui en sortira pour célébrer ses 2 années de musique.
Fluctuat Records est le label fondé par le producteur français CoqMan, à Medellin, en Colombie il y a 2 ans. Une de ses vocations est d’être un pont et connexion artistique entre l’Europe et l’Amérique latine. Avec une détermination sans faille à révéler les talents d’artistes promouvant la techno et son mouvement, le label est aujourd’hui une belle famille de plus de 40 producteurs. Mais aussi d’autres artistes visuels, provenant de 10 pays différents de part et d’autre de l’Océan Atlantique.

Fluctuat Records se produit autant en France comme durant sa tournée fin 2019 finalisé par une date au Rex Club. Qu’en festivals aux 4 coins du globe. Comme au Medellin Music Week et les mythiques soirées PERVERT au Mexique. Pour célébrer ses 2 ans une compilation sortira en quatre parties. Dans les premières, on compte déjà ANTGT / Avox25 / CoqMan & DICA / Euyinn / Javi Lago / MINIMUM SYNDICAT / MKP9 / Rusrus / smog / TEOKAD / VENDEX & Neagles / Whøman,
Afin de faire le point sur ce label très prometteur, on a interviewé son fondateur, Jules alias Coqman.
LOFI | Peux-tu nous donner ton rôle chez le label, comment tu gères cela avec ta carrière d’artiste ?
Jules : Eh bien à vrai dire je gère le label seul depuis sa création. C’est le projet de ma vie ! J’y ai consacré beaucoup de temps et d’énergie. Et je pense que mes efforts ont porté leurs fruits. La tournée Fluctuat de fin 2019 et ce V.A. d’anniversaire en sont un bel exemple je pense.
En ce qui concerne ma carrière perso, elle s’est plutôt développée ces trois dernières années entre Amérique Latine où je vivais, et plus récemment en Europe. Effectivement la création du label et sa gestion sont hyper chronophages.
Au début entre la création du site internet, la création des artworks, la promotion des releases et la gestion des réseaux sociaux, j’avais très peu de temps à consacrer à ma musique. J’ai bien sûr sorti quelques tracks. Mais je me suis davantage focalisé sur mes bookings (qui servaient à générer les fonds nécessaires à la gestion du label). Désormais je suis de retour en France et j’ai repris la production à 100%. Donc à défaut de dates, l’année 2020 sera riche en nouveaux morceaux !
LOFI | En ces temps de confinement, comment revois-tu ton quotidien, tes dates perdues/reportées ? Quelles perspectives aussi pour le label ?
Oui on a tous été affectés dans le milieu. De mon côté j’ai dû annuler ma tournée en Colombie. Une dizaine de dates quand même ça fait mal.
Mais je relativise en me disant que c’est la galère pour tout le monde. Alors on ne se plaint pas et on prépare la suite chez soi. Je produis beaucoup et me concentre
sur la promo de cette V.A. à fond. Tous les artistes y mettent leur coeur. Jusqu’ici le public nous donne de super feedbacks qui motivent.
Et pour couronner le tout, de gros noms nous soutiennent tels que Rebekah, D.Carbone, AnD, Philipp Strobel, Luca Agnelli, Tommy Four Seven, Manu Le Malin, Endlec ou Cristian Varela !
On attend donc la sortie de la « Part ONE » de Fluctuat Records avec impatience. Et pour 2021, on prévoit de passer à la vitesse supérieure en commençant à presser des vinyles.
Une grosse restructuration est en cours pour répartir la charge de travail et absorber nos prochains projets.
LOFI | Comment a été fondée cette compilation, avec autant d’artistes étrangers ?
Quelques anecdotes pour cette grande collaboration ?
Le V.A. d’anniversaire est composé à 50/50 d’artistes Latino-américains et Européens. L’année dernière c’est pendant la 1ère édition de la Medellin Music Week qu’on a fêté notre anniversaire. Ceci au travers d’une compil’ de 10 artistes et un showcase aux côtés de Refluxed Records au MUTE. Un des meilleurs club techno de Colombie.
Cette année on a voulu marquer le coup avec un projet d’ampleur. Il appuie notre démarche pour connecter Amérique Latine et Europe ! On a donc invité tous nos anciens artistes, mais aussi plusieurs producteurs avec lesquels j’ai bossé. En France on a 14anger & Minimum Syndicat avec qui ont préparé une tournée Sud-Américaine.
Axel Picodot qui bosse avec nos amis de No Hour Agency. Whøman, ANTGT et Nanø Rinnegatø de BLOCKCHAIN. Dica & Teokad de MIKROKOSM. Smog et Moog Conspiracy à Berlin. Balrog en Angleterre. De l’autre côté de l’Atlantique on retrouvera Gotshell (sous son aka Alessan Main), Joaquin Ruiz, Andres Gil, Chané et d’autres. Beaucoup de producteurs extrêmement talentueux !
Tes affinités sont donc tournées vers la techno.
LOFI | Tes inspirations via ce genre musical ainsi que son mouvement ? Entre ses fondements, et aujourd’hui.
J’ai eu la chance d’avoir un bon guide qui dès tout jeune m’a fait connaître la musique électronique. D’abord la drum & bass UK, puis la house grâce à mon frère. Il m’a fait
découvrir Laurent Garnier et les grands de Chicago.
Quand j’ai eu 14/15 ans j’ai été à ma première rave party (100% hardcore à l’époque, aujourd’hui ça s’est un peu diversifié). Petit à petit je suis arrivé à la techno, qui m’a fascinée par ses sonorités contondantes et par son histoire. C’est un mouvement qui a bien changé depuis ses origines.
Je ne pense plus qu’on puisse dire que la techno soit toujours aussi underground que ce qu’elle a été. Ce n’est pas une critique.
Les grands noms qui se sont battus pour faire connaître le genre en sont contents aujourd’hui. Des lieux qui jamais n’auraient été ouverts à cette musique sont maintenant accessibles. On joue sur la Tour Eiffel, au Guggenheim Museum, et dans d’autres endroits incroyables. Des centaines de festivals fleurissent dans le monde. C’est devenu une culture reconnue à part entière ! Plus seulement »une musique répétitive, écoutée par de drogués » (rires).
Malheureusement avec son essor on a assisté à des dérives. On voit pleins de DJ en carton qui font les clowns et des bimbos ridicules qui sont applaudies massivement dans des festivals commerciaux.

C’est aussi devenu une mode. Parfois bien loin des revendications sociales d’UR à Détroit. Ou du combat de ravers anglais contre la main de fer de Thatcher et son gouvernement.
Heureusement la techno est encore utilisée pour faire passer des messages forts.
Fin 2019 on a vu un gros V.A. Chilien, »La Furia Del Pueblo » (54 artistes dont Mulero, Perc, Developper et Zadig entres autres) pour dénoncer les violations des droits de l’Homme par le gouvernement et l’armée. Un sujet évoqué aussi à travers la musique de Zaphy, une artiste Chilienne de Fluctuat Records. Ou encore le V.A: de Tek+Kare au profit de Medecins Sans Frontières avec d’autres grands artistes aussi.
De notre côté ce sont les valeurs de l’échange et du travail commun qu’on essaie d’encourager chez Fluctuat Records. On crée des connexions transatlantiques. Les producteurs se soutiennent, se remixent et collaborent. On s’aide à trouver des bookings, on fait venir des artistes latinos en Europe et inversement. On bosse ENSEMBLE et… Cela marche !
Merci à Jules pour ces mots forts encourageants. Suivez son label, sur Facebook, Soundcloud. Et pour obtenir ses musiques, rendez-vous sur Bandcamp.
2 réponses sur « Interview en confinement : deux années réussies pour le label Fluctuat Records »
[…] me suis dit que je pouvais faire plus que ça. C’est de là qu’est venu l’idée de créer un label, pour être plus présent aux côtés des artistes et non plus de simplement partager des sons. […]
[…] source: lofi.media […]