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22 festivals psytrance européens s’expriment : explications et paroles d’Ethereal Decibel Company

Vingt-deux festivals psytrance de toute l’Europe ont rejoint l’initiative Unity in Dance. Un objectif : afficher leur désarroi face au contexte actuel mais aussi leur détermination à ne pas baisser les bras face à la crise du COVID-19. Ethereal Decibel Company qui en est signataire, nous en parle et refait un point sur leurs activités.

Un communiqué vient rappeler la passion qui anime chaque professionnel du milieu à mener ses événements chaque année. Des métiers et activités sont mis en péril, d’où la venue de cette prise de parole internationale dans le secteur de la psytrance, pour soulever les esprits.

Un état alarmant et brutal

Repartons du début. L’Ethereal Decibel Company, comme d’autres, avait un événement de prévu le 21 mars au Warehouse de Nantes. Suite à l’état d’urgence, interdiction de rassemblements de plus de 1000 personnes, puis 100. Pour terminer sur notre état de confinement aujourd’hui. Par évidence, la soirée a été reportée au 23 mai prochain.

Pour les EDC, leurs éditions saisonnières indoor au Warehouse de Nantes sont toujours en co-production. La décision du report avait été prise entre Arnaud d’EDC et Quentin Schneider responsable artistique du club. Sans encombres ni conflits…. A l’heure actuelle, ce serait un nouveau report de prévu, mais rien d’officiel. Une certaine marche à l’aveuglette.

Ethereal Decibel Company Open Air Festival © EPHEM’R

Suite à l’annonce du 14 avril du Président français, on prolonge le confinement jusqu’au 11 mai avec interdiction de festivals et autres rassemblements d’envergure similaire jusqu’à mi-juillet. Conséquence : beaucoup d’annulations, mise en marche parfois bien coûteuse d’assurances. Fonds de solidarité et autres aides non encore bien définies peinent à compenser la crise économique virulente que subit le secteur de la culture.

Qui dit festival, dit forte organisation et investissements multiples

Comme le rappelle le communiqué d’Unity in Dance : « Même si un festival ne dure que quelques jours, l’organisation de celui-ci est une entreprise de 365 jours. […] Les restrictions de voyage, les fermetures de frontières et les périodes de confinement ont un impact crucial sur la planification et la production de nos festivals. La majorité de nos rassemblements sont voués à être annulés ou reportés ».

Pour illustrer Unity in Dance, on y parle du Ethereal Decibel Festival Open air de cet été (comme le Hadra Trance Festival, Son Libre en France). Festival qui tourne 24h/24 durant 3 ou 4 jours entiers. Stands, sanitaires, concerts, lumières, sécurité, tout doit être en marche. Contrairement à des événements indoor avec une salle qui gère l’accueil, sanitaires etc, tout est à équiper et gérer soi-même.

Ethereal Decibel Company Open Air © EPHEM’R

De même, faire attention aux nuisances sonores, avoir la validation des commissions de sécurité, gérer la logistique des scènes, de la circulation, des stands sont des paramètres importants. Plusieurs scènes sont à monter, préparer en faisant collaborer de nombreuses équipes. D’un point de vue structures, lumières, sons, scénographies, autres performances artistiques (budget transport, exploitation des ressources…).

Enfin, puisque le festival s’arrête peu, il faut gérer les ressources humaines (bénévoles, salariés, artistes) en amont, pendant et aval.

De véritables charges de travail incombent les organisateurs de faire face à tout moment si leur projet finira par aboutir.

La mise en péril des acteurs du milieu et disparition de collectifs, festivals

« En cas d’annulation de leur festival, les organisations sont toutes confrontées à une situation financière très difficile. […] Il s’agit d’un chiffre d’affaires d’un an contre deux ans d’exploitation. Même si toute l’équipe travaillait gratuitement, cela couvrirait à peine les coûts quotidiens.».

La majorité des festivals psytrance sont menés par de petites structures et travailleurs indépendants rappelle Unity in Dance. Des projets événementiels animés par de fervents passionnés qui y consacrent quasi tout leur temps. Pas de stabilité financière avec une sécurité sociale sacrifiée et pas de revenus permanents. Alors que le secteur commençait à être plus dynamique et reconnu dans l’industrie culturelle, tout repart presque de zéro voire dans le négatif.

Ethereal Decibel Company Open Air Festival © SKATRY

Pour faire comprendre à la communauté et d’autres que l’élaboration de festivals n’est pas des moindres et ne constitue pas juste de faire la fête, quelques mots sont les suivants (du communiqué).

Nous rappelons humblement que la raison pour laquelle les festivals psychédéliques restent des événements « underground », même lorsqu’ils se développent à plus grande échelle et comptent des milliers de participants, est que leur production est dirigée par la même tribu qui représente son public. Nos gérants, employés de bureau, menuisiers, opérateurs… sont les mêmes personnes que vous trouverez à côté de vous sur le dancefloor.

[…] Nous créons des festivals parce que cela nous émeut et nous inspire. Cela ne changera pas à cause de cette crise, cela ne fera que nous conduire à faire mieux.

Dans le cas d’Ethereal Decibel, un bon nombre des membres clés sont bénévoles et travaillent aussi sur leur temps libres avec ce statut par passion.

« On ira jusqu’au bout même si on arrive à une annulation la veille ».

Seulement 10 à 20% du budget de la majeure partie des festivals psytrance européens est dédié à l’artistique, nous racontent-ils. Et ils ne dérogent pas à cette règle pour l’Ethereal Decibel Festival open air de mi-août 2020.
La majeure partie des fonds est allouée aux contraintes techniques et de sécurité. C’est d’ordinaire une bien triste réalité qui montre bien à quel point l’aspect économique de ces événements est compliqué. Mais celle-ci pour une fois, a le mérite de largement limiter la casse en cas d’annulation d’artistes. D’autre part, lorsqu’on organise un festival, on s’adresse à de multiples interlocuteurs avec qui il nécessite de travailler de consort pour que l’organisation soit carrée reprend le communiqué d’Unity in Dance. EDC y rajoute qu’il faut à minima : recueillir des autorisations par les différents élus, gendarmes, pompiers, services de secours. Des paramètres globaux qui bien sûr, varient en fonction de la forme d’un festival.

Ethereal Decibel Company @ Warehouse de Nantes © FTNE

Une passion qui ne s’éssoufle pas, d’autres perspectives à venir

Le collectif n’hésite pas à nous exprimer que les risques pris en compte pour reporter leurs événements valent le coup de les prendre. Que ce soit dans ce contexte particulier ou d’autres, ii y a toujours des imprévus.

La récompense est énorme quand on se rend compte de la beauté des événements. Avec un public aux anges, une ambiance conviviale et un résultat artistique qui émerveille.

A l’heure actuelle, c’est le Livestream qui pullule sur la toile.

LOFI | Est-ce que vous y voyez des nouvelles solutions et/ou pratiques intéressantes ? Ou ce ne serait que de passage?

EDC : il est certain que le système culturel d’avant confinement et d’en ce moment sera à transformer dès la reprise économique. Le livestream permet pendant un temps de
combler le manque artistique musical. Toutefois ce n’est qu’un des aspects de notre
culture. Sans décorations grandiose, sans camping, sans artisans. Surtout sans
nature, le livestream ne remplacera jamais un rassemblement comme les nôtres.

Le communiqué Unity to Dance est à lire intégralement, ici. Toutes les informations sur Ethereal Decibel Company ici.

Signataires : 7 Chakras Festival, Ahoora Festival, Antaris Project, Atlas Festival, Atman Festival, Boom Festival, Drops Festival, Elysium Island Festival, Ethereal Decibel Festival, Fora de Tempo Festival, Free Earth Festival, FreeMental Festival, Hadra Trance Festival, Kosmos Festival, Masters Of Puppets Festival, Mo:Dem Festival, Own Spirit Festival, Ozora Festival, Psy-Fi, Revision Festival, Shankra Festival, SUN Festival, Waldfrieden & Wao Festival, Son Libre Festival.

Par Estelle

Passionnée des musiques électroniques et désireuse de mettre en lumière les métiers et autres arts qui s'articulent autour de ce grand univers. La culture psytrance et la techno/chill sont les moteurs actuels de mes good vibes et domaines que je souhaite en priorité explorer. A votre écoute !

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