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Entretien avec Will, manager du label Sinners

Techno mélodique, onirique, sombre. La face cachée d’Hungry Music peut-être ? Rien d’officiel, mais le label Sinners réussit pertinemment à nous faire voyager depuis plus de 4 ans vers une dimension plus obscure de la techno. Une envie de jouer sur un contraste, entre noirceur et idéalisme et de faire découvrir de tous nouveaux artistes. Mais aussi de fonder une plateforme qui permettrait d’être un exutoire à sensations, le ressenti d’un monde froid. Des notions fantastiques qui ont donné lieu à de belles pépites, comme Aalson dont nous avons déjà parlé.

Suivant fréquemment l’actualité de leurs artistes, nous sommes allés prendre la température auprès du manager du label Sinners. Crise culturelle, chemin parcouru, artistes, nouveaux projets… Will a répondu à nos questions.

LOFI | Hello Sinners, comment allez-vous ? Quel est le rythme en ce moment, est-ce mouvementé ?

Will (manager du label Sinners) : salut LOFI, ça va pas mal on ne se plaint pas. Le rythme des sorties est content (environ 1 par mois). On fait quelques livestreams mais ça ne remplacera jamais le public.

Concernant les artistes, nous travaillons depuis le début avec Mark Höffen & Aalson. Nous avons été rejoints en 2020 par Cliff de Zoete & Wojmann. C’est le carré magique.

Pourriez-vous nous parler du début du label ? On en est où par rapport à aujourd’hui ?

Nous avons un autre label (Hungry Music) depuis 8 ans avec une identité mélodique forte. Nous voulions nous ouvrir un nouvel espace de liberté pour pouvoir expérimenter de nouvelles esthétiques musicales et ainsi pouvoir accueillir de nouveaux artistes.

Sinners s'étoffe avec deux nouveaux morceaux signés Abe
Que signifie cette clé dans votre logo ?

C’est l’outil nécessaire pour ouvrir la porte de notre univers. Globalement nous ne sommes pas très en phase avec le monde dans lequel on vit. On a l’impression qu’il y a de plus en plus de cloisonnement entre les gens, entre les mouvements…

On voulait que notre label puisse être un lien entre les gens. Et comme les portes sont trop souvent fermées, nous tentons d’en apporter la clef.

Cela fait 4 ans à peu près que le label est actif. Des événements marquants depuis ? Quelles évolutions distinguez-vous artistiquement ?

L’événement le plus marquant pour le label était la soirée Sinners à ADE 2019. Plus de 2000 personnes sont venues passer une nuit aux côtés des artistes du label. Accompagnés par Kevin de Vries & Konstantin Sibold, dans l’un des meilleurs festivals européens. 

Artistiquement, les artistes sont libres et n’ont pas à suivre de ligne. Chaque nouvel artiste doit en premier lieu apporter son univers. Nous ne voulons pas d’un label stéréotypé qui sortirait chaque mois des tracks ayant la même couleur. 

Comment se portent vos artistes, votre équipe face à cette crise ? Comment la surmontez-vous ?

C’est très compliqué car on venait de lancer la première grosse tournée européenne du label. On a fait Paris, Amsterdam, et puis plus rien.

Les artistes gardent le moral, travaillent sur des nouveaux projets musicaux et visuels, mais le concert restent leurs premières sources de revenus et de satisfaction. 

On s’adapte, on n’est pas les seuls touchés par cette crise, mais on sait aussi qu’on a été les premiers arrêtés et on devrait être les derniers à reprendre. 

On apprécie fréquemment le cadre que vous choisissez pour filmer en live vos artistes. On y distingue beaucoup de douceur. Comment ça se passe en termes d’organisations, des lieux dont vous êtes particulièrement fiers d’avoir fait tourner vos artistes ?

On apporte une attention particulière à l’image. D’autant plus par les temps qui courent. Vu que c’est le dernier endroit ou le public voit l’artiste. 

On choisit avec les artistes des lieux qui les touchent. Ensuite on fait tout nous-même. Cela nous permet de s’adapter aux situations et ça donne cet aspect humain aux choses que nous faisons.

Nous sommes juste une bande de passionnés qui essayent de faire du mieux que nous pouvons et ça je crois que ça se voit a l’image. 

D’ailleurs, vous avez pas mal d’artistes de l’étranger dans votre label.

La Hollande est clairement notre point de ralliement. A mi-chemin entre la techno froide du nord et la mélodie du sud. Lieu de notre premier showcase grand format à ADE, d’un de nos clubs préférés (De Marktkantine, Amsterdam).

Et lieu de résidence de notre nouvelle pépite Cliff de Zoete. C’est un endroit formidable pour notre culture et qui va bien avec l’image du label « Sinners everywhere ».

De Marktkantine, Amsterdam – Source : Klikcup
Après la crise COVID-19 que nous vivons, avez-vous des améliorations ? Des souhaits quelconques à préconiser pour faire avancer la culture dans notre pays et ailleurs en ce moment ?

Vaste sujet, si on parle de la culture électro je ne lui vois pas un avenir radieux en France. L’économie est précaire et c’est la dernière à être soutenue par le gouvernement. 

Mon souhait finalement serait que les choses repartent de manière plus raisonnée. Que les festivals subventionnés jouent leur rôle de mise en avant de la culture au lieu de faire la course aux « headliners ».

Que les grands médias regardent ce qu’il se passe en dehors de Paris. Que le public réapprenne à découvrir des artistes sur la foi d’une programmation et pas uniquement aller voir ceux qu’ils connaissent déjà. 

Source : Sinners
Quelles sont les principales forces qui vous animent pour continuer aujourd’hui à faire vivre SINNERS malgré les difficultés que l’on vit aujourd’hui ?

C’est bateau mais la passion.

Nous ne sommes « pas essentiels » et les revenus sont faméliques avec l’arrêt des concerts, donc il ne reste plus que des passionnés aujourd’hui dans ce milieu. 

Vos projets futurs ?

Dès que le monde recommença à tourner, on partira sur une grande tournée dans toute l’Europe pour revoir nos amis et notre public. 

Faire la fête, danser. C’est des projets qui semblaient un peu simple il y a un an mais finalement c’est le principal. Ah, et aussi on aura un album de Mark Höffen d’ici la fin d’année…

Suivez l’actualité du label ici.

Par Estelle

Passionnée des musiques électroniques et désireuse de mettre en lumière les métiers et autres arts qui s'articulent autour de ce grand univers. La culture psytrance et la techno/chill sont les moteurs actuels de mes good vibes et domaines que je souhaite en priorité explorer. A votre écoute !

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