Bel Air Festival est un événement que l’on aurait adoré découvrir l’an dernier dans le sud près de Toulouse. Avec surprise, l’équipe organisatrice BLR nous raconte que leur association s’est consolidée malgré la crise. Ceci, avec plein d’autres projets et activités culturelles riches, que nous comptons bien vous dévoiler dans cet article et interview. Concerts de musiques électroniques avec un fort engagement environnemental, mais pas que. C’est aussi valoriser leur territoire et ses initiatives éco-solidaires.
Bien que le COVID-19 aura eu raison du Bel Air Festival comme bien d’autres en 2020, les organisateurs en auront profité pour consolider leur association BLR. Celle-ci détient d’autres vocations que d’organiser uniquement ses festivals.

L’association BLR est née en 2015 à Toulouse dans le sud de la France
A l’origine créée dans le but d’organiser le Bel Air Festival. Un sujet que nous aborderons en détail plus tard et à découvrir dans l’interview ci-dessous. BLR a pour vocation d’être porteuse de valeurs économiques et sociales engagées, en plus d’organiser des concerts de musiques actuelles et électroniques. 5 principes d’action fondent l’association : la diffusion de la culture, la valorisation des territoires ruraux, la sensibilisation écologique, l’intégration de tous les publics au sein de leurs événements. Et la promotion d’une économie sociale et solidaire. L’activité principale restant la production de concerts et festivals éco-responsables.
Depuis 2020, une année bien particulière pour tous, l’équipe de BLR en a profité pour se structurer et créer deux nouveaux pôles : la médiation culturelle et le booking et management d’artistes musicaux.
L’organisation de festival, qui derrière ? Et que faire aujourd’hui ?
Parler de BLR, c’est mettre en valeur le travail d’une équipe aux rôles capitaux et passionnants. Avec l’apparition du COVID 19, l’offre florissante des festivals culturels s’est vue complètement remise en cause. La question est donc de savoir comment ces associations organisatrices d’événements ont fait face aux difficultés de cette année particulière. Mais aussi quelles sont les répercutions que cela a eu sur leurs équipes, ainsi que l’avenir de leurs associations. BLR nous a donc accordé de son temps pour nous parler de sa philosophie qui va avec cette détermination de faire évoluer notre société. En plus de partager leurs passions pour les musiques actuelles et électroniques.

LOFI | Hello BLR, qui sont les initiateurs/trices de l’association mais aussi du festival BEL AIR ?
L’histoire de BLR a commencé en 2016 avec la première édition du Bel Air Festival, organisé par trois jeunes amis amateurs de musique. Ceux-ci étant animés par la nécessité de dynamiser le milieu rural dont ils sont originaires, tout en sortant les musiques électroniques des clubs de la ville. Ainsi, la première édition du festival n’était à l’époque qu’un simple open air sans prétention. Rapidement une équipe de 50 bénévoles s’est constituée dont la mission est de faire vivre le festival et l’association.
En 2019 avec la création du Sensitive Festival en collaboration avec l’association tarnaise Microonde, le pôle de production de l’association se solidifie. BLR devient un acteur culturel à part entière de la région Occitanie. En 2020, grâce à l’implication et la volonté de son administratrice et de son président, une équipe permanente de 6 personnes a pu être constituée. Faisant vivre non seulement l’activité de production mais aussi deux nouvelles activités : la médiation culturelle et la diffusion & management d’artistes. L’association prit alors la forme d’une agence culturelle appelée maintenant “BLR”.

Le Bel Air Festival reste toujours majoritairement organisé, grâce à l’implication de ses bénévoles qui continuent de s’investir et de faire vivre ce festival.
Pour vous, la culture ça représente quoi ? L’environnement quelle importance y attachez-vous ? Et la musique dans tout cela ?
Par culture, on entend pleins de choses, c’est très large ! Les attachements que l’on a avec celle-ci sont ceux qu’elle véhicule de manière générale. C’est-à-dire la passion tout d’abord, mais aussi le partage, la création, l’innovation, des projets. Aussi plus récemment notre investissement auprès d’artistes, une activité vraiment important pour nous que l’on veut continuer à développer.
Les musiques électroniques ont toujours été présentes au sein de nos événements. C’est pourquoi, encore aujourd’hui, nous continuons d’axer notre direction artistique autour de ces musiques. L’idée serait de pouvoir représenter l’ensemble du spectre des musiques électroniques. Nous aimerions également travailler sur des esthétiques plus urbaines. A l’heure actuelle un projet est en développement et nous espérons que la situation dans les mois à venir nous permettra de le concrétiser. Il y a un an, nous avions déjà commencé à mettre ce projet en place. Mais nous n’allons pas vous refaire l’année 2020.

Nous sommes attachés à la question environnementale depuis la création de l’association. Nos événements ayant lieu dans des espaces naturels, nous avons la nécessité de les rendre les plus écoresponsables possible. Cette année par exemple, nous investissons dans de nouvelles toilettes sèches pour encore plus de confort sanitaire, tout en continuant de limiter l’impact de nos événements sur l’environnement. En février nous avons aussi lancé les semences de notre potager. Nous espérons pouvoir cuisiner nos récoltes afin de nourrir nos équipes pendant les festivals.
En quoi le COVID-19 a pu vous bouleverser ? Dans vos fonctionnements, visions ?
Comme tout le monde, au début de la crise, nous n’avions pas encore conscience des répercussions que le COVID-19 allait avoir. Lorsque l’annonce du premier confinement a été faite nous avions encore espoir de pouvoir organiser nos festivals pour l’été 2020. Mais très rapidement nous nous sommes rendus compte de la réalité et de la gravité de la crise sanitaire. En effet, il était impensable pour nous de risquer des contaminations auprès de nos festivaliers dont nous sommes responsables. Et par conséquent nous avons annoncé l’annulation de nos événements dès le mois d’avril.
Prendre cette décision n’a pas été facile. Toutes les équipes, les prestataires, les artistes, les producteurs locaux et les intervenants étaient très déçus. Le moral de nos bénévoles a été très affecté. Encore cette année nous ressentons une perte de motivation du côté de certains. Cependant, avec le recul nous savons que c’était la bonne décision à prendre. Le fait d’avoir annoncé le report aussi rapidement nous a permis de nous sauver financièrement. Et donc de pouvoir rebondir afin de revenir en force.

Comme énoncé plus haut, l’association fonctionnait seulement sur la base du bénévolat. Ainsi grâce à ce temps gagné, nous avons pu construire notre équipe permanente et développer nos deux nouveaux pôles d’activité.
L’apparition du COVID-19 nous a forcément tous changé personnellement d’une façon ou une autre. Elle nous a fait prendre conscience de l’importance de beaucoup de choses. Rien n’est acquis, notamment les choses qui nous semblaient les plus simples et les plus « normales ». Telles que nos libertés les plus fondamentales. C’est pourquoi nous pensons qu’il est très important de pouvoir offrir à notre communauté un retour à la vie, à la joie et au bonheur simple d’être ensemble. Bien sûr, ceci en mettant en oeuvre les moyens nécessaires afin d’accueillir nos festivaliers dans de bonnes conditions sanitaires.
Parlez-nous de vos territoires où prennent place vos 2 festivals : Bel Air, mais aussi le nouveau né Sensitive !

Les deux festivals sont situés sur des territoires ruraux d’exception. Le Bel Air Festival, qui fêtera sa 5ème édition cet été, est situé sur un véritable amphithéâtre champêtre. A moins d’une heure de Toulouse, à Campario dans le village de Saint-Araille au milieu des tournesols. Nous voulons offrir l’occasion aux toulousains de sortir de la métropole et aux habitants locaux d’avoir un événement près de chez eux. Le site est idéal, on peut même y observer la chaîne des Pyrénées au loin !
Quant au Sensitive Festival, il prendra place au sein du domaine du Château de Mayragues (monument historique datant du XIIe siècle). Siège viticole de l’appellation Gaillac. Ici, les vignerons locaux sont mis à l’honneur avec leurs productions viticoles cultivées en biodynamie. Ce festival, organisé en collaboration avec l’association Microondes, fêtera sa deuxième édition cette année.
Comment s’est fondée cette collaboration avec l’association tarnaise Microondes ?
En 2018, l’association Microondes qui connaissait le Bel Air Festival, nous a contactés avec l’objectif de monter un projet commun. Très rapidement nous nous sommes rendus compte que nous avions des valeurs communes. Nos relations ont vite abouti sur l’idée d’un festival en coproduction. Notre envie commune d’allier festival de musiques actuelles et spectacle vivant, accompagné d’un petit salon de vignerons a fini de sceller notre collaboration.

Votre pôle médiation nous intéresse, comment avez-vous pensé vos ateliers ? A qui s’adressent-ils et comment se mènent-ils ?
Autour de notre association gravitent une cinquantaine de bénévoles issus de tous les milieux et de toutes professions. Il nous a paru évident de commencer ce travail en nous basant sur l’envie de certains de partager leurs domaines d’expertises et expériences. Nous avons ainsi pu les accompagner dans une démarche de transmission de leurs savoirs-faire et de leurs passions en y incorporant nos valeurs sociales et culturelles. De leurs passions ou encore de leurs travaux artistiques tout en y incorporant nos valeurs sociales et culturelles. Ces dernières s’incarnent autour de trois grandes lignes directrices : l’intégration de tous les publics, la valorisation de l’expression artistique et la sensibilisation à l’écologie. Cette démarche nous a permis de créer des ateliers assez variés allant d’une initiation à la MAO à une classe verte de découverte à Campario.
Tous nos ateliers sont à destination du grand public. En revanche, nous faisons souvent face à la difficulté de trouver un lieu pouvant accueillir du public. Par les temps qui courent, ce n’est pas chose facile… C’est pourquoi à l’heure actuelle nous souhaitons intervenir en milieu scolaire.

Comment se déroule votre pôle diffusion ? Avec la crise actuelle ce n’est pas évident pour le booking…
Notre pôle de diffusion comme nous l’avons expliqué précédemment est récent. Nous avons commencé à le mettre en place en décembre 2020. Effectivement ce n’est pas facile, mais comme nous sommes au début de cette aventure, le travail ne manque pas ! Pour commencer, il faut nous faire connaître des programmateurs et organisateurs sur le territoire français afin de pouvoir promouvoir et placer nos artistes. C’est un véritablement travail de fond. Finalement cette période encore entre parenthèses nous permet de prendre le temps afin de tisser des liens avec de nombreuses organisations et structures autour de projets communs.
Pour ce qui est de nos actualités, nous avons eu la chance d’avoir pu organiser, le weekend du 12 et 13 mars dernier, un beau projet. Nous avons réuni tous les artistes avec lesquels nous travaillons afin de tourner un DJ set d’une heure pour chacun d’entre eux. Cette captation a été possible grâce à notre collaboration avec plusieurs acteurs culturels. Tels que l’association Bajo el Mar ou encore l’école IMAAT, venue avec ses élèves en audiovisuels afin de pratiquer leurs compétences en réalisation plateau.
Du côté de nos artistes, très récemment Naconda a sorti un remix pour le dernier EP de Hunvre sur Motoring Records (Coventry, UK). Atchoum & Grincheux et ESBA ont sorti le 5 mars dernier “Chaleur Tournante” la première release de leur tout nouveau label Microondes. Charleeps a très récemment sorti une track sur Chineurs de House et nous prépare un EP pour bientôt. MZA était invité par Maison Close à l’occasion de la dernière sortie du label (MCVA002), pour un livestream au Glazart en mars. GVRL va lâcher une bombe très prochainement. Il faudra la suivre de près pour en savoir plus. Tippex a fait un passage remarqué sur Hotel Radio Paris en février dernier aux côtés de Hyas. Mryn et Axel Blanc quant à eux, ils travaillent sur de nouveaux projets. Warius, artiste visuel, amoureux de 3D et d’architecture a réalisé des VJings à couper le souffle lors de notre tournage au Phare.
Quelles sont vos motivations ? Alors que nous vivons en pleine crise, à souhaiter organiser divers initiatives éco-solidaires et culturelles, dont événementielles ?
Honnêtement comme tout le monde, nous n’attendons qu’une chose, que les festivités puissent reprendre. Chacun d’entre nous a connu des moments de démotivation. Cela n’a pas été facile tous les jours. Mais nous avons fait le choix de nous battre malgré tout. Nous portons nos événements de cet été, pour nos festivaliers, nos artistes, nos fournisseurs et tous nos intervenants. Ainsi que pour nos artistes, nos producteurs locaux et tous nos intervenants. La volonté de leur offrir un temps de partage, de transmission, de découverte, de festivité. C’est toute cette communauté, qui nous suit depuis de nombreuses années. Celle qui nous donne la force et la motivation de continuer à faire avancer et évoluer nos projets dans le contexte actuel.

Nous pensons qu’aujourd’hui si nous, en tant qu’acteur culturel, nous baissons les bras, comment eux, peuvent-ils garder le moral et avoir l’espoir d’un retour à la normale ? C’est aussi pourquoi nous continuons de tenir un discours optimiste. Car nous sommes prêts à mettre toutes les mesures nécessaires en place pour que nos événements aient lieu dans les meilleures conditions.
Quels sont vos projets futurs ? Vos perspectives face à un avenir tout de même incertain ou bien difficile avec le COVID-19 ?
Nous avons beaucoup de projets en suspens à cause de la crise sanitaire. Comme tout le monde, nous travaillons à l’heure actuelle presque au jour le jour. Même si des perspectives sur les mois à venir commencent enfin à se dessiner. Nous ne vous cachons pas qu’en tant que membre du secteur culturel nous nous sentons un peu comme les laissés-pour-compte dans la gestion de cette crise. Nous connaissons beaucoup de personnes dans notre secteur qui réfléchissent à se reconvertir. Ce sont des personnes qui ne reviendront peut-être jamais travailler dans la culture, des talents que nous perdons. En résumé, s’investir dans la culture pendant cette crise sanitaire n’est pas une mince affaire. Cela demande des sacrifices personnels aussi. Nous sommes au moins sûrs d’une chose. Quand la vie reprendra son cours et que nos événements auront lieu, nous serons prêts.

Notre priorité pour le moment est de réussir à maintenir nos deux festivals et de continuer de développer nos deux pôles : la médiation et la diffusion. Afin de pouvoir réaliser pleinement ces projets, nous souhaitons aussi avoir la possibilité d’ouvrir d’autres postes à la rentrée prochaine, croisons les doigts pour que la situation nous le permette.
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